Aller au contenu

Haïti sous tension, Salvador autoritaire, États-Unis divisés: l'actualité en bref

Voici ce qu'il faut retenir aujourd'hui: l'insécurité paralyse l'action humanitaire haïtienne tandis que démocraties régionales et mondiales basculent vers l'autoritarisme.

Le ministre de l'Éducation Augustin Antoine présente les nouveaux manuels de gestion des lycées publics haïtiens, le 30 juillet 2025.

Table des matières

La dégradation sécuritaire en Haïti révèle l'échec des réponses internationales face à la criminalisation du territoire. L'enlèvement de personnel humanitaire et les 4 864 morts documentés exposent un État fantôme incapable de protéger sa population. Parallèlement, les dérives autoritaires au Salvador et la politisation de la justice américaine illustrent une érosion démocratique globale qui normalise l'exception.

HAÏTI | Éducation — Lancement du Plan National d'Infrastructures Scolaires — Le 29 juillet, le ministre Augustin Antoine a lancé à Pétion-Ville le projet d'élaboration du Plan National d'Infrastructures Scolaires, financé par la Banque mondiale et le Partenariat Mondial pour l'Éducation. L'initiative vise à réduire les inégalités dans l'accès à l'éducation et construire des écoles résistantes aux catastrophes. « L'espace physique des écoles exprime aussi des inégalités », a souligné le ministre. Ce plan intervient alors que de nombreux établissements restent inadaptés aux risques sismiques et cycloniques récurrents.

HAÏTI | Sécurité — Enlèvement de personnel humanitaire à Port-au-Prince — Le 3 août, sept employés de NPH International et un enfant de trois ans ont été enlevés sur leur site de Sainte-Hélène. Parmi eux, Gena Heraty, directrice irlandaise des programmes pour enfants handicapés, présente depuis 1993. L'ONG exige leur « libération immédiate et sûre ». Cet incident illustre la dégradation sécuritaire qui paralyse l'action humanitaire en Haïti, où les groupes armés ciblent désormais systématiquement les organisations internationales, menaçant l'aide aux populations les plus vulnérables.

HAÏTI | Droits humains — Crise humanitaire sans précédent selon l'ONU — Entre octobre 2024 et juin 2025, 4 864 personnes ont été tuées par les gangs contrôlant 85% de Port-au-Prince, selon le Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Avec 1,3 million de déplacés internes et 500 000 enfants sous emprise criminelle, la situation constitue « la pire crise politique de l'histoire haïtienne ». L'effondrement des services essentiels et l'impunité généralisée révèlent l'échec de la réponse internationale, malgré les sanctions imposées et le soutien policier minimal fourni par la communauté internationale.

HAÏTI | Justice — Université d'été sur les réparations des violations graves — Le 4 août, le Conseiller-Président Emmanuel Vertilaire a ouvert la 6e session de l'Université d'été des droits de l'homme à Port-au-Prince, axée sur les « réparations des violations graves et systématiques ». Cette initiative intervient paradoxalement alors que 5 400 cas de violences sexuelles ont été recensés en 2024, avec 72% d'agressions sexuelles. L'événement académique contraste dramatiquement avec l'impunité totale dont bénéficient gangs et forces de sécurité, soulignant le fossé entre discours institutionnel et réalité du terrain.

ÉTATS-UNIS-HAÏTI | Sécurité — Washington déconseille tout voyage et boucle son ambassade — Le 15 juillet, le Département d'État américain a réémis son alerte maximale (niveau 4) interdisant tout voyage en Haïti, citant kidnappings, terrorisme et criminalité généralisée. L'ambassade fonctionne en effectifs réduits depuis juillet 2023, sans familles d'employés. Les vols commerciaux américains restent suspendus vers Port-au-Prince. Cette politique reflète l'incapacité de Washington à protéger ses ressortissants face à l'effondrement sécuritaire, laissant les Américains en Haïti sans assistance consulaire effective.

HAÏTI | Sécurité — Fusillade près de l'ambassade américaine à Tabarre — Le 4 août, de violents échanges de tirs entre police et gangs criminels ont paralysé le quartier de Tabarre, forçant l'ambassade américaine à confiner son personnel. L'incident, survenu près de l'aéroport international, illustre l'expansion territoriale des groupes armés désormais classés « terroristes ». Parallèlement, l'arrestation de l'ex-sénateur Nenel Cassy pour financement du crime organisé révèle les liens entre élites politiques et gangs, compromettant toute sortie de crise institutionnelle.

HAÏTI | Sécurité — Police nationale intensifie ses opérations anti-gangs — Le 3 août, le directeur général par intérim de la PNH, Rameau Normil, a ordonné aux unités spécialisées et directeurs départementaux d'« intensifier les opérations pour éradiquer les bandits armés ». Cette réunion stratégique à Tabarre intervient après l'enlèvement de personnel humanitaire et les fusillades près de l'ambassade américaine. Parallèlement, quatre personnes ont été arrêtées aux Nippes pour l'assassinat d'Alex Alexandre lors d'un conflit terrien, illustrant la violence multiforme qui dépasse la seule criminalité urbaine organisée.

HAÏTI | Éducation — Nouveau manuel de gestion pour 307 lycées publics — Le 30 juillet, le ministre Augustin Antoine a présenté à Pétion-Ville les manuels de gestion des lycées et des Directions départementales d'éducation, exigeant désormais des rapports financiers détaillés. Cette initiative vise à transformer « l'ancienne école » jugée inefficace. Le directeur de l'Enseignement secondaire Miguel Fleurijean a souligné le « problème de qualification des directeurs », révélant les défaillances structurelles du système. Ces outils administratifs interviennent alors que l'insécurité empêche l'accès à de nombreux établissements scolaires publics.

HAÏTI | Santé — Création d'un Fonds national VIH/SIDA — Le 4 août, le Conseiller-Président Louis Gérald Gilles a réuni ministres et institutions à la Villa d'Accueil pour établir un Fonds national de lutte contre le VIH/SIDA. Cette initiative fait suite à une séance technique du 29 juillet avec le ministre des Finances. La création de ce fonds intervient dans un contexte d'effondrement du système de santé, où l'accès aux antirétroviraux reste critique pour les patients séropositifs, particulièrement dans les zones sous contrôle des gangs.

SALVADOR | Politique — Bukele abolit les limites de mandats présidentiels — Le 1er août, le Congrès salvadorien a supprimé les limites constitutionnelles permettant à Nayib Bukele de gouverner indéfiniment, tout en avançant les élections de 2029 à 2027. Cette réforme intervient alors que sa popularité reste élevée grâce à la chute des homicides, mais que l'économie stagne à 2,2% de croissance. « Il sait qu'un chèque en blanc n'est pas éternel », analyse Steven Levitsky de Harvard. Les arrestations massives (80 000 détenus) et la répression contre journalistes et manifestants révèlent la dérive autoritaire du « dictateur le plus cool ».

ÉTATS-UNIS | Justice — Bondi lance une enquête sur l'administration Obama — Le 4 août, la procureure générale Pam Bondi a ordonné la convocation d'un grand jury pour enquêter sur des accusations selon lesquelles l'administration Obama aurait « fabriqué » des renseignements sur l'ingérence russe de 2016. Cette initiative fait suite à une demande de Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, qui a déclassifié des documents en juillet. CNN rapporte que les allégations de Gabbard « déforment » les conclusions du renseignement américain. Cette enquête rétroactive illustre l'instrumentalisation politique du département de la Justice sous l'administration Trump.

L'actualité du 4 août dessine une cartographie de l'effondrement institutionnel: Haïti abandonnée malgré les discours sur les droits humains, le Salvador applaudissant sa dictature sécuritaire, Washington instrumentalisant sa justice. Cette convergence révèle comment la promesse sécuritaire justifie désormais l'abandon des normes démocratiques, laissant les populations vulnérables sans protection réelle ni recours légitimes.


commentaires

Dernières nouvelles