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Haïti multiples crises convergent: l'actualité en bref

Voici ce qu'il faut retenir aujourd'hui: constitution, violences sexuelles, police défaillante, massacre d'autodéfense, diplomatie américaine révèlent l'effondrement institutionnel haïtien complet.

Table des matières

1. Politique — Haïti reçoit son avant-projet de nouvelle Constitution

Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a réceptionné mercredi 21 mai 2025 l'avant-projet de Constitution de la République, remis par le Comité de pilotage et la Conférence nationale à Villa d'accueil. Le document, rédigé en créole et français, propose notamment de réduire l'âge d'accès aux hautes fonctions, diminuer le nombre de ministres et parlementaires, et accroître la participation féminine en politique. Le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a salué « l'intégration renforcée des Haïtiens de la diaspora dans la vie politique ». Cette étape intervient alors qu'Haïti traverse une crise institutionnelle majeure, le processus référendaire devant encore être organisé par le Conseil électoral provisoire dans un contexte sécuritaire dégradé.

2. Humanitaire — Explosion des violences sexuelles contre les enfants en Haïti

La coordinatrice humanitaire de l'ONU Ulrika Richardson dénonce le décès tragique d'une fillette de six ans, violée dans un site de déplacement à Cité Soleil le 3 mai 2025. Les signalements de violences sexuelles contre les enfants ont bondi de 1 000% entre 2023 et 2024 selon l'ONU, tandis que 53% des déplacés internes sont des mineurs. « Chaque minute, un enfant en Haïti est déplacé à cause des violences », souligne Richardson. Cette tragédie illustre la vulnérabilité extrême des enfants dans les camps de fortune, où un enfant sur huit vit désormais en situation de déplacement, privé d'éducation et exposé à l'exploitation dans un contexte sécuritaire effondré.

3. Sécurité — Mutations et incidents révèlent les défis de la police haïtienne

La Police nationale d'Haïti (PNH) multiplie les mouvements de personnel avec l'installation mardi 20 mai du commissaire Saint-Hilaire Bertin à Ennery (Artibonite), remplaçant Destra Joseph après deux ans de service. Parallèlement, les forces de l'ordre arrêtent Jameson Florvil, 30 ans, pour le viol de sa belle-fille de 12 ans à Port-de-Paix, et interpellent l'agent BSAP Jean Louis Rochkama après qu'il ait blessé sept personnes au fusil lors d'un défilé scolaire aux Cayes-Jacmel. Ces faits divers illustrent les multiples défis de la PNH : maintenir l'ordre territorial, lutter contre l'explosion des violences sexuelles (+1000% selon l'ONU) et encadrer l'usage de la force, dans un contexte d'effondrement sécuritaire généralisé.

4. Conflits — Massacre de dizaines de paysans par un groupe d'autodéfense dans l'Artibonite

La Coalition, groupe armé d'autodéfense, a exécuté mardi 20 mai 2025 plus de cinquante civils à Préval (Petite-Rivière de l'Artibonite), selon l'organisation Mouvman Moun. Les victimes, « décapitées à la machette avant d'être jetées dans le fleuve Artibonite », incluent le pasteur Jacques Brutus, 86 ans, et quinze fidèles tués dans leur église baptiste. Ce carnage fait suite à l'assassinat d'un membre de la Coalition par le gang Gran Grif de Savien. « Furieuse, la Coalition ne s'est pas dirigée vers Savien pour se venger, elle a préféré terroriser les habitants de Préval », dénonce la journaliste Bertide Horace. Cette tragédie illustre la dérive des groupes d'autodéfense créés initialement pour lutter contre les gangs, désormais incontrôlables dans l'effondrement sécuritaire haïtien.

5. Diplomatie — Washington propose à l'OEA de mobiliser des troupes pour Haïti

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a appelé mardi 20 mai 2025 l'Organisation des États américains (OEA) à « mobiliser des troupes » face à l'incapacité de la Mission multinationale (MMAS) à résoudre seule la crise haïtienne. « Nous cherchons à élaborer une stratégie alternative parce que celle qui est en place actuellement ne fonctionne pas », a déclaré Rubio devant la commission des affaires étrangères du Sénat, estimant que 25 000 à 30 000 bandits contrôlent le territoire pour « faire du trafic de drogue, d'organes et d'êtres humains ». Cette proposition intervient alors que l'ONU juge prématurée une transformation de la MMAS en mission de maintien de la paix, révélant les divisions internationales sur l'approche à adopter face à l'effondrement sécuritaire haïtien.

Complément

En guise de complément à notre newsletter, voici trois articles de fond à lire dans la Gazette Universitaire :

  1. Pi gwo katastwòf Ayisyen ap viv jounen jodi a, par Ilionor Louis
  2. Les classes sociales en Haïti : un concept imprécis, par Verly Déré
  3. Violence, domination et consentement : vers une éthique du soin comme réponse politique, par Bernadin Larrieux

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