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Haïti maintient les apparences malgré l'effondrement généralisé: l'actualité en bref

Voici ce qu'il faut retenir aujourd'hui: initiatives institutionnelles déconnectées de la réalité pendant que la violence contamine les derniers refuges.

Table des matières

Le 15 juillet 2025 illustre le théâtre de l'absurde haïtien. Washington reçoit sans s'engager, l'éducation célèbre des taux de réussite fictifs, la santé planifie des fonds pour un système inexistant. Pendant ce temps, la violence gangrène le Nord, dernier bastion. L'État maintient une façade institutionnelle alors que 85% du territoire échappe à son contrôle et que les services publics n'existent plus.

HAÏTI | Société — Le paradoxe des examens dans un pays sans écoles — Le 15 juillet 2025, alors que le baccalauréat se déroule « sereinement » selon le MENFP, la réalité contredit ce tableau : zones entières inaccessibles, professeurs déplacés, élèves traumatisés par la violence quotidienne. Les 303 963 candidats aux examens représentent les survivants d'un système éducatif décimé. L'ambition de former des « citoyens engagés » et l'introduction de « comptables délégués » dans les lycées apparaissent dérisoires face aux écoles transformées en camps de déplacés et aux gangs qui rançonnent nombreux des établissements fonctionnels.

HAÏTI | Santé — Projet de fonds VIH dans un système sanitaire exsangue — Le 15 juillet 2025, le Conseiller-Président Louis Gérald Gilles a reçu des organisations VIH/SIDA pour discuter d'un décret créant un Fonds national pour les PVVIH sous tutelle du MSPP. Il promet d'« accompagner toutes les personnes vulnérables » et condamne discriminations et stigmatisations. Cette initiative intervient paradoxalement alors que le système de santé s'est effondré : seules quelques structures restent fonctionnelles, le personnel médical fuit la violence, et l'approvisionnement en antirétroviraux est erratique. Un fonds autonome dans un État fantôme pose la question de sa viabilité opérationnelle.

HAÏTI | Société — Les PVVIH doublement victimes de la crise — Le 15 juillet 2025, la discussion sur un fonds VIH révèle la vulnérabilité extrême des personnes séropositives face à l'effondrement sanitaire. Avec 85% de Port-au-Prince sous contrôle des gangs, l'accès aux traitements est devenu quasi-impossible. Les déplacements massifs (1,3 million de personnes) ont rompu la continuité thérapeutique vitale. Le projet de fonds, bien qu'intentionné, apparaît déconnecté de la réalité : comment garantir l'accompagnement promis quand les centres de santé sont pillés et que les routes d'approvisionnement sont coupées ?

HAÏTI | Éducation — 96,5% de réussite masque un effondrement systémique — Le 15 juillet 2025, le ministre Antoine Augustin annonce 96,5% de réussite aux examens de 9e année sur 188 141 candidats, malgré des fraudes sanctionnées judiciairement. Il révèle une « crise silencieuse » : sur un million d'inscrits, seuls 188 000 atteignent la 9e année. Les réformes promises (cantines, formation des maîtres) se heurtent à la réalité : 1,2 million d'enfants privés d'école, près de 1 000 établissements fermés par la violence. Ce taux de réussite élevé dans un système en ruine questionne la valeur réelle des diplômes délivrés.

HAÏTI | Sécurité — Cinq présumés bandits tués au Cap-Haïtien — Dans la nuit du 10 au 11 juillet 2025, la PNH du Nord a abattu cinq individus lors d'échanges de tirs à ODN, Cap-Haïtien. Trois hommes à moto ont ouvert le feu lors d'un contrôle routier; deux autres, portant téléphones volés et arme calibre 22, ont été tués en tentant de fuir. La police affirme sa « détermination à neutraliser » les fauteurs de troubles. Cette opération intervient alors que le Nord, autrefois épargné, subit l'expansion des gangs depuis l'Artibonite. Les exécutions sommaires par la police, dénoncées par les organisations de droits humains, illustrent une justice expéditive face à l'effondrement judiciaire.

HAÏTI | Justice — La dérive sécuritaire gagne les régions "stables" — L'opération mortelle du 10-11 juillet 2025 au Cap-Haïtien révèle l'extension de la violence au-delà de Port-au-Prince. Cinq morts sans procès, qualifiés de « malfrats » sans enquête, témoignent de pratiques policières contestées. Le Nord, refuge traditionnel des déplacés fuyant la capitale, voit sa sécurité se dégrader. Avec un système judiciaire paralysé et des prisons surpeuplées ou contrôlées par les gangs, la PNH applique une justice sommaire. Cette escalade dans une région jusqu'alors préservée annonce la contamination violente de tout le territoire national.

HAÏTI-ÉTATS-UNIS | Diplomatie — Tournée washingtonienne sans percées concrètes — Le 15 juillet 2025, le Premier ministre Fils-Aimé a multiplié les rencontres à Washington : sénateur Warnock (D-GA) pour le renouvellement de HOPE/HELP, puis Michael Jensen du NSC à la Maison-Blanche. Malgré l'« importance capitale » des préférences textiles et l'« engagement ferme » pour des élections, aucune annonce tangible n'émerge. Cette stratégie bipartisane (républicains, démocrates, exécutif) révèle le paradoxe haïtien : plaider pour des avantages commerciaux quand l'industrie textile s'est effondrée (50 000 emplois perdus) et que les zones franches sont inaccessibles. Washington écoute poliment mais hésite visiblement à s'engager davantage dans un État contrôlant moins de 15% de sa capitale.

HAÏTI | Analyse — L'isolement diplomatique d'un État fantôme — Le 15 juillet 2025, l'absence de résultats concrets après la tournée américaine de Fils-Aimé expose la réalité diplomatique haïtienne. Trois jours, multiples rencontres, zéro engagement nouveau. Cette « coopération soutenue » sans substance intervient après 4 900 morts depuis octobre 2024 et alors que 1,3 million de déplacés fuient la violence. Le focus sur HOPE/HELP apparaît déconnecté : comment garantir « emplois durables » avec des ports dysfonctionnels et routes contrôlées par les gangs ? Cette diplomatie économique ressemble davantage à un exercice de survie institutionnelle qu'à une stratégie viable pour un pays en décomposition avancée.

Cette journée cristallise l'écart abyssal entre discours officiels et réalité territoriale. Les autorités persistent dans une normalité factice - examens, projets de fonds, diplomatie - ignorant que l'État n'existe plus que nominalement. La contamination sécuritaire du Nord marque un tournant : aucune région n'est désormais épargnée. Haïti performe son rôle d'État sur la scène internationale tout en disparaissant physiquement.

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