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Des groupes armés ont attaqué trois localités près de Lascahobas dans le département du Centre jeudi matin, faisant huit morts et provoquant des déplacements massifs. Cette commune située à 20 km de la frontière dominicaine abritait déjà 7 455 déplacés internes.
La spirale de violence s'étend désormais au département du Centre. Le jeudi 3 juillet 2025 au matin, les localités de Desvarieux, Chambrun et Sarrazins, près de Lascahobas, ont été la cible d'attaques coordonnées par des groupes armés, selon un rapport flash de l'OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires). Cette escalade marque une nouvelle étape dans la crise sécuritaire qui gangrène progressivement tout le territoire national.
Les autorités locales rapportent un bilan préliminaire de huit morts, des personnes portées disparues et le vol de trois véhicules. Ces attaques ont semé la panique parmi la population locale, déclenchant des mouvements de fuite massifs vers les communes voisines, notamment Hinche et Belladère. Le nombre exact de nouveaux déplacés reste à confirmer, les mouvements de population étant encore en cours.
La violence a également perturbé le système éducatif : le dernier jour des examens officiels pour les élèves de 9e année fondamentale à Lascahobas a dû être annulé, privant des centaines d'élèves de la possibilité de terminer leur année scolaire.
Cette nouvelle vague de violence frappe une région déjà fragilisée. Lascahobas hébergeait environ 7 455 personnes déplacées internes suite aux violences qui ont débuté en avril dans le département du Centre, selon les données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les communes voisines sont également saturées : Hinche accueille déjà 10 000 déplacés et Belladère environ 27 000.
"Cette série d'événements met en évidence les défis de sécurité croissants dans le département, aggravant une situation humanitaire déjà précaire pour de nombreuses communautés", souligne le rapport de l'OCHA.
Le Centre départemental des opérations d'urgence (COUD) coordonne activement les efforts de réponse avec le soutien du Groupe intersectoriel. L'équipe de l'OCHA reste présente à Hinche pour appuyer la coordination, tandis que l'OIM mobilise ses équipes pour suivre et enregistrer le nombre de personnes déplacées une fois les mouvements stabilisés.
Le Comité de protection civile de Belladère prend les mesures nécessaires pour assister les personnes déplacées les plus vulnérables. Cependant, la violence continue et les attaques dans le Bas-Plateau rendent de plus en plus difficile la fourniture de l'aide et le déploiement du personnel humanitaire dans le département.
Cette attaque à Lascahobas, située à seulement 20 kilomètres de la frontière avec la République dominicaine, illustre l'expansion géographique de l'insécurité au-delà de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les groupes armés démontrent leur capacité à frapper dans des régions jusqu'alors relativement épargnées, créant de nouvelles zones de crise humanitaire.
La proximité de la frontière soulève également des inquiétudes quant aux implications régionales de cette violence croissante et aux défis supplémentaires pour la gestion des flux de population dans cette zone frontalière sensible.
"La situation humanitaire dans le département se détériore rapidement en raison de l'insécurité persistante", conclut le rapport de l'OCHA. Cette évaluation sombre reflète une réalité où chaque nouvelle attaque génère non seulement des victimes directes, mais aussi des déplacements en cascade qui submergent les capacités d'accueil des communautés hôtes.
Les organisations humanitaires tentent de maintenir leurs opérations malgré les défis sécuritaires croissants, mais l'extension de la violence à de nouvelles régions complique considérablement leur travail. La population du Centre, comme celle d'autres départements touchés, se retrouve prise en étau entre la violence des groupes armés et une réponse humanitaire limitée par l'insécurité et le manque de ressources.