Aller au contenu

Plus de 5 000 personnes déplacées par les attaques armées à Montrouis depuis le 22 octobre

Le Cluster CCCM documente 5 064 déplacés par les attaques à Montrouis avec 73% de ménages non assistés en abris.

Table des matières

« Depuis le mois de septembre 2025, près de 45 000 personnes se sont déplacées à la suite des différentes attaques » : le Cluster CCCM documente 73% de ménages non assistés dans le secteur des abris

SAINT-MARC — Le Cluster de Coordination et de Gestion des Camps (CCCM) a publié le 3 novembre un rapport de suivi des réponses humanitaires (ETT 76) documentant le déplacement d'environ 5 064 personnes (1 111 ménages) provoqué par les attaques armées survenues depuis le 22 octobre 2025 dans le département de l'Artibonite. Les violences se sont concentrées « dans la 1ère section communale de Deluge (Montrouis) situées dans la commune de Saint-Marc », précise le document produit conjointement avec l'Unité de Construction de Logements et de Bâtiments Publics (UCLBP).

La majorité des personnes déplacées internes (71%) « se sont réfugiées dans la commune de Saint-Marc ». L'ensemble des déplacés (100%) ont trouvé refuge dans des familles d'accueil, aucun site de déplacés n'ayant été établi pour cette vague de déplacements. Cette configuration met une pression considérable sur les communautés d'accueil dont les ressources sont déjà limitées.

Le rapport souligne que « le département de l'Artibonite connaît une recrudescence particulière des violences ces dernières semaines. Depuis le mois de septembre 2025, près de 45 000 personnes se sont déplacées à la suite des différentes attaques, parfois se déplaçant plusieurs fois en quelques semaines ». Le Cluster CCCM a documenté ces mouvements dans une série de rapports (ETT 70, ETT 72, ETT 73, ETT 74, ETT 75) illustrant l'intensification de l'emprise territoriale des groupes armés dans ce département agricole stratégique.

La réponse humanitaire demeure sévèrement contrainte par le contexte sécuritaire. « Par suite des attaques toujours en cours, la plupart des partenaires n'ont pas pu accéder aux zones affectées en raison des contraintes sécuritaires et logistiques, ce qui a limité la portée de la réponse dans plusieurs localités », indique le document. Les partenaires « attendent une stabilisation de la situation pour reprendre les interventions ».

La coordination du Cluster a néanmoins permis de mobiliser une réponse limitée. L'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et son partenaire OPH prévoient de distribuer 300 kits de biens non alimentaires (BNA) et d'abris légers, ainsi que 300 kits d'hygiène à 300 ménages dans la commune de Saint-Marc. Toutefois, les lacunes demeurent considérables : 811 ménages (73%) restent non assistés dans le secteur des abris, tandis que 1 111 ménages (100%) demeurent sans assistance dans les autres secteurs (santé, protection, eau-assainissement-hygiène, sécurité alimentaire).

Cette crise localisée s'inscrit dans une détérioration sécuritaire généralisée affectant l'ensemble du territoire haïtien. Selon les données du Famine Early Warning Systems Network (FEWS NET) d'octobre 2025, « les gangs sont attendus pour étendre leur emprise vers le Centre et l'Artibonite, causant violence, déplacement forcé et perturbations des moyens de subsistance, des marchés et du commerce ». Dans l'Artibonite, « les gangs ne forcent pas seulement les populations agricoles à fuir leurs zones de production, mais brûlent ou détruisent également les plantations de riz pendant la saison de croissance, mettant ainsi en péril la production de riz d'hiver ».

Le rapport FEWS NET précise que « dans certaines zones clés, comme Liancourt, Verrettes et Petite Rivière de l'Artibonite, les gangs contrôlent les systèmes d'irrigation et imposent des paiements illégaux pour l'accès à l'eau ». Les marchés de Gonaïves, Saint-Marc et Mirebalais connaissent des perturbations d'approvisionnement fréquentes et des prix alimentaires élevés. Des poches de ménages en situation d'urgence alimentaire (IPC Phase 4) sont observées dans les communes de La Chapelle, Petite Rivière de l'Artibonite, Liancourt, Mirebalais, Saut d'Eau et Lascahobas.

À l'échelle nationale, plus de 1,4 million de personnes demeurent déplacées internes, dont environ 210 000 dans des sites précaires dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime que 5,7 millions d'Haïtiens font face à une insécurité alimentaire critique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu les repas chauds pour les personnes nouvellement déplacées et réduit les rations générales de 50% depuis juin 2025 en raison de défis de financement. Le Plan de réponse humanitaire 2025 demeure sous-financé.

Le rapport rappelle que « l'aide humanitaire est gratuite. Tolérance zéro aux abus ! » et invite les personnes affectées et les acteurs locaux à contacter le Cluster CCCM aux adresses haiti@cccmcluster.org ou via le tableau de bord interactif de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) pour plus de détails sur les lieux d'accueil des personnes déplacées.


commentaires

Dernières nouvelles