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Un audit de sécurité documente l'absence d'éclairage nocturne, les violences et la « prostitution de survie » dans les sites collectifs
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le Cluster de coordination et gestion de camps (CCCM) révèle dans un rapport d'audit de sécurité d'août 2025 des conditions dégradées dans trois sites collectifs de Port-au-Prince, documentant des « risques principaux » incluant la « présence d'hommes armés, bagarres, consommation d'alcool et de drogues, violence entre hommes et femmes ».
Cette évaluation, menée en mai et juin 2025 dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, l'École Jean Marie César et le Local Fusion sociaux, révèle que les sites « offrent une protection relative face aux menaces extérieures » mais que « la peur reste constante » parmi les 1,3 million de déplacés internes selon l'OIM.
L'audit, basé sur 59 entretiens semi-structurés avec des résidents, documente que « l'absence d'éclairage nocturne accroît les craintes, en particulier pour les femmes et les filles, qui limitent leurs déplacements ». Cette situation illustre les défis de protection dans un contexte où MSF révèle une explosion de 65% des violences basées sur le genre.
Le rapport identifie des « stratégies d'adaptation » particulièrement préoccupantes : « L'absence d'activités contribue à un sentiment d'impuissance et au recours à des moyens de survie dangereux : manque d'activités, bagarres, prostitution de survie ». Cette documentation de « prostitution de survie » révèle l'ampleur de la détresse des populations déplacées.
Les constats sur l'accès aux services révèlent des dysfonctionnements majeurs : « La clinique mobile est l'un des rares services perçus comme régulier et accessible » tandis que persistent des « problèmes majeurs d'hygiène, d'accessibilité et de gestion » avec des « clés gardées par les comités, frais d'utilisation ».
L'audit documente que « les distributions sont souvent désorganisées, sources de bagarres et de favoritisme, sans mesures adaptées aux groupes vulnérables ». Cette situation fait écho aux 312 000 personnes ayant reçu des repas chauds selon le tableau de bord HNRP, révélant les défis logistiques de l'aide humanitaire.
La gouvernance des sites révèle des « comités existants [qui] manquent de formation, d'inclusivité et de responsabilité, et sont perçus comme peu représentatifs ». Le rapport note que « les femmes et les filles participent aux tâches quotidiennes » mais que « leur rôle dans la gouvernance et les comités est souvent symbolique ».
Les recommandations prioritaires incluent « contrôler les entrées/sorties, surtout la nuit », « installer un éclairage nocturne » et « organiser les distributions de manière plus sûre et inclusive ». Ces mesures élémentaires révèlent le niveau de dégradation des conditions de vie.
Le document recommande d' « explorer les options de fermeture et de relocalisation, digne et sûre, en consultation avec toutes les parties prenantes concernées », suggérant que certains sites ne sont plus viables. Cette perspective fait écho aux témoignages selon lesquels « plusieurs déplacés ont exprimé le souhait d'être relogés hors de Port-au-Prince ou de voir certains sites fermés ».
L'audit révèle des discriminations systémiques : « Les personnes âgées et handicapées rapportent être négligées ou discriminées » tandis que « les jeunes, filles et garçons, sont largement exclus des décisions ». Cette exclusion aggrave la vulnérabilité de populations déjà fragilisées.
Le rapport conclut que « si les sites offrent un refuge temporaire, ils restent marqués par l'insécurité, la promiscuité et un accès limité aux services essentiels ». Cette réalité contraste avec les discours officiels sur la protection des déplacés et questionne l'efficacité des mécanismes humanitaires actuels.
Ces constats interviennent alors que le financement humanitaire ne couvre que 5% des besoins selon le tableau de bord HNRP, compromettant l'amélioration des conditions documentées par cette évaluation.