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Haïti salue une « avancée majeure » avec 12 votes favorables et 3 abstentions, déployant jusqu'à 5 500 personnels contre les gangs armés
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mardi la résolution 2793 transformant la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) en Force de suppression des gangs (GSF) pour une période initiale de 12 mois, avec 12 votes favorables et 3 abstentions (Chine, Pakistan et Russie).
Cette adoption intervient après des négociations complexes menées par les États-Unis et le Panama depuis août, marquées par les préoccupations exprimées par la Chine et la Russie concernant « la composition des troupes, la chaîne de commandement, les règles d'engagement, le coût total et les sources de financement ».
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a salué « une avancée majeure dans le partenariat entre la République d'Haïti et la communauté internationale », exprimant sa reconnaissance notamment aux États-Unis pour « leur engagement indéfectible » et au Panama pour « son appui actif ».
La résolution autorise le déploiement d'une force pouvant atteindre 5 550 personnels, incluant « 5 500 personnels militaires et policiers ainsi que 50 civils », soit plus de cinq fois la taille actuelle de la MMAS qui ne compte que 989 membres selon les chiffres kenyans.
Le texte adopté autorise les États participants à « prendre toutes les mesures nécessaires » pour mener des « opérations ciblées de contre-gangs dirigées par le renseignement pour neutraliser, isoler et dissuader les gangs », marquant une escalade significative par rapport au mandat précédent.
La création d'un Bureau de soutien de l'ONU en Haïti constituait l'innovation majeure de cette résolution. Cette structure onusienne fournira un soutien logistique incluant « les rations, le carburant, l'eau, l'hébergement et toute l'infrastructure nécessaire », répondant aux critiques de William Ruto sur les carences logistiques de la MMAS.
Les négociations ont révélé des tensions substantielles. Selon le document de Security Council Report, « la Chine et la Russie n'ont pas directement engagé avec le projet de texte », exprimant des préoccupations sur « l'histoire mouvementée des interventions internationales passées en Haïti ».
Le texte final intègre des garanties sur les droits humains après les pressions de plusieurs membres européens. La résolution spécifie que les participants sont autorisés à entreprendre les mesures « en stricte conformité avec le droit international », incluant le droit international humanitaire.
La question des enfants dans les gangs a particulièrement préoccupé les négociateurs. Selon les estimations onusiennes, « 30 à 50% des membres de gangs sont des enfants », conduisant à l'ajout de dispositions sur la protection de l'enfance, bien qu'avec des qualificatifs comme « lorsque approprié et faisable ».
L'administration Trump a rejeté les demandes répétées de restaurer la référence aux « violences sexuelles et basées sur le genre », ne conservant que « violences sexuelles », justifiant cette position par « les politiques de l'administration américaine actuelle ».
Fils-Aimé a particulièrement remercié « la Fédération de Russie et la République populaire de Chine, dont l'abstention a permis l'adoption de cette résolution historique ». Cette formulation diplomatique masque les réticences substantielles exprimées par ces pays.
La résolution autorise la GSF à « soutenir la PNH, les forces armées haïtiennes et les institutions nationales pour assurer les conditions de sécurité » propices aux élections, liant explicitement intervention militaire et processus démocratique.
L'expiration du mandat de la MMAS le 2 octobre créait une urgence temporelle. Le diplomate américain Henry Wooster avait prévenu que le soutien américain à la MMAS « expirerait fin décembre » si la GSF n'était pas adoptée.
Cette adoption intervient alors que le rapport de l'OCHA révèle 1,3 million de déplacés internes et que les gangs contrôlent environ 90% de Port-au-Prince selon l'ONU.