Table des matières
Le gouvernement revendique des progrès dans Port-au-Prince avec l'enlèvement de 1 000 m³ de déchets et 200 carcasses de véhicules
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le gouvernement a annoncé mercredi mener "une opération déterminée" avec la Police nationale d'Haïti (PNH) et les Forces armées d'Haïti (FAd'H) pour "libérer le centre-ville de Port-au-Prince des groupes armés", revendiquant l'enlèvement de plus de 1 000 m³ de déchets et 200 carcasses de véhicules.
Cette communication gouvernementale intervient dans un contexte où les organisations internationales estiment qu'environ 90% de Port-au-Prince reste sous contrôle des gangs, soulevant des questions sur l'ampleur réelle de cette "reconquête" annoncée.
Le communiqué affirme que "ces opérations se poursuivent sans relâche jusqu'à la reconquête complète du centre-ville", utilisant un vocabulaire militaire qui suggère une bataille en cours plutôt qu'une victoire acquise. L'absence de précisions géographiques sur les zones effectivement "libérées" limite l'évaluation de l'efficacité de cette opération.
Le bilan présenté - 1 000 m³ de déchets et 200 carcasses de véhicules retirés - témoigne davantage d'opérations de nettoyage que d'avancées sécuritaires majeures. Ces chiffres, bien que significatifs pour l'assainissement urbain, ne constituent pas nécessairement des indicateurs de reconquête territoriale face aux groupes armés.
L'implication du ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) "en coordination avec l'ensemble des institutions concernées" pour "la remise en état des routes et des infrastructures" suggère une approche globale combinant sécurisation et réhabilitation urbaine.
Cependant, cette stratégie de communication contraste avec les rapports récents documentant la paralysie des axes routiers principaux et l'isolement de Port-au-Prince. La capacité à maintenir durablement ces améliorations infrastructurelles dans un environnement où les gangs conservent un contrôle territorial étendu reste incertaine.
L'appel à la population pour "collaborer pleinement avec les autorités" révèle la dépendance des forces de sécurité au soutien civil, suggérant que le contrôle gouvernemental reste fragile et nécessite une légitimité populaire pour se consolider.
La rhétorique utilisée - "l'autorité de la République ne se négocie pas" et "l'État n'interrompra pas le combat avant son plein aboutissement" - adopte un ton martial destiné à projeter une image de détermination face aux défis sécuritaires.
Cette communication intervient stratégiquement alors que les discussions sur la transformation de la MMAS en Force de suppression des gangs se poursuivent au Conseil de sécurité de l'ONU. La revendication de progrès sécuritaires pourrait influencer les négociations sur l'intervention internationale renforcée.
L'engagement des FAd'H aux côtés de la PNH marque une militarisation assumée de la réponse sécuritaire, reflétant l'insuffisance des capacités policières face à l'ampleur de la menace des gangs armés.
L'absence de données sur les pertes humaines, les arrestations effectuées ou les armes saisies limite l'évaluation objective des résultats opérationnels de cette campagne annoncée. Cette omission pourrait refléter soit des résultats limités, soit une stratégie de communication focalisée sur les aspects civils plutôt que militaires.
Cette annonce s'inscrit dans une séquence de communications gouvernementales visant à démontrer la capacité d'action de l'État, parallèlement aux initiatives diplomatiques pour obtenir un soutien international renforcé face à la crise sécuritaire.