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L'extension reflète l'aggravation de la situation sécuritaire avec des groupes armés contrôlant 90% de la capitale haïtienne
WASHINGTON — L'Administration fédérale de l'aviation (FAA) américaine a prolongé jusqu'en mars 2026 son interdiction des opérations d'aviation civile américaine vers Port-au-Prince, une mesure initialement prévue pour expirer le 8 septembre 2025, en réponse aux menaces sécuritaires croissantes et aux activités de groupes armés qui mettent directement en danger l'aviation civile.
Cette extension fait suite aux incidents de novembre 2024 où trois avions de ligne commerciaux américains (American Airlines, JetBlue, Spirit Airlines) ont été touchés par des tirs d'armes à feu en approche de l'aéroport de Port-au-Prince, déclenchant un ordre d'urgence de la FAA suspendant les vols en dessous de 10 000 pieds à travers Haïti.
L'interdiction cible spécifiquement les vols vers la capitale haïtienne, bien que les appareils puissent transiter au-dessus de Port-au-Prince uniquement à une altitude supérieure à 10 000 pieds. Certaines opérations américaines limitées vers six aéroports plus petits du nord et du sud d'Haïti restent autorisées, mais Port-au-Prince demeure interdit en raison de sa volatilité.
Les groupes armés contrôlent actuellement près de 90% de Port-au-Prince et de ses voies d'accès, créant des risques sécuritaires sévères tant pour les voyages aériens que pour les opérations humanitaires. Les rapports continuent de faire état de tirs d'armes légères dirigés vers des aéronefs volant à basse altitude et près de l'aéroport, rendant les risques à la fois persistants et imprévisibles.
Cette restriction complique considérablement la livraison d'aide et les mouvements de personnel international. L'ONU et d'autres agences humanitaires sont contraintes de rediriger ou retarder leurs opérations en raison des préoccupations sécuritaires et des fermetures d'aéroport.
L'impact dépasse le transport de passagers pour affecter également le fret, incluant les fournitures alimentaires et médicales essentielles, aggravant les crises humanitaire et économique d'Haïti. L'ambassade américaine et les organisations internationales ont répétitivement averti que les voyages dans et autour de Port-au-Prince restent extrêmement dangereux, avec des confrontations armées et des barrages routiers fréquents.
La FAA a étroitement coordonné ces restrictions avec les compagnies aériennes, les pilotes et les agences internationales, ajustant les NOTAM (Avis aux navigateurs aériens) selon l'évolution de la situation. Cette coordination illustre la nature systémique des défis sécuritaires affectant l'aviation civile en Haïti.
Cette extension jusqu'en mars 2026 représente une reconnaissance implicite que l'amélioration de la situation sécuritaire ne sera pas rapide. Elle intervient dans un contexte où la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya peine à inverser la dynamique d'insécurité, avec moins de 1 000 hommes déployés sur les 2 500 initialement prévus.
L'interdiction de la FAA constitue un indicateur concret de l'effondrement de la sécurité autour de l'infrastructure critique haïtienne. L'aéroport Toussaint Louverture, principal point d'entrée international du pays, devient progressivement inaccessible aux opérations commerciales normales, isolant davantage Haïti du commerce et du transport internationaux.
Cette mesure s'ajoute aux défis logistiques déjà documentés par le Secteur logistique humanitaire, qui fait état de blocages des principaux axes routiers et de difficultés d'accès maritime. L'isolation aérienne de Port-au-Prince complète un tableau d'enclavement progressif de la capitale haïtienne.
L'extension reflète également les limites des interventions sécuritaires actuelles face à des groupes armés capables de menacer directement l'aviation civile, démontrant leur capacité à perturber les infrastructures critiques nationales et internationales.