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Dans le cadre du dossier spécial consacré aux 51 ans de la Faculté des Sciences Humaines, Daniel Lamour partage une série de photographies prises entre couloirs, salles et espaces extérieurs de la FASCH. À travers ces images sobres et puissantes, se dévoilent l’architecture singulière, la vie quotidienne et la mémoire silencieuse d’un espace profondément marqué par l’engagement, la résistance et la fragilité.
Photographies : Daniel Lamour
Commentaire : Lefranc Joseph
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Ces photographies capturent davantage que des murs, des rampes ou des escaliers. Elles révèlent l’âme d’un lieu, ses lignes visibles et ses résonances invisibles. À la FASCH, l’espace dépasse sa matérialité première : il devient mémoire, relation, promesse.
Tout commence par un vertige géométrique. L’œil est happé vers le haut, emporté par une structure triangulaire ascendante, presque céleste. On y devine la rigueur architectonique d’un bâtiment pensé pour durer, pour résister, pour accompagner. Puis vient le seuil : une grille entrouverte, une lumière douce du matin, un passage discret vers le savoir.
Le couloir parfois désert conserve la mémoire des présences qui l’ont traversé. Chaque pas, chaque échange, chaque hésitation y laisse une trace subtile. Dans la salle 13, une scène familière se dessine : des étudiants réunis en cercle autour d’une idée, d’un texte, d’un cours. L’attention se concentre, la parole circule, la fatigue et l’enthousiasme coexistent dans un équilibre dynamique. Là se tissent des liens d’étude mais aussi d’amitié et de solidarité intellectuelle.
Le bâtiment administratif, au cœur de l’institution, porte une tout autre dimension. Plus discrète, mais essentielle. C’est là que s’organise la vie académique : bureaux des départements, bureau de l’année préparatoire, salle des professeurs, bureau du conseil de coordination, bureau du secrétaire général, bureau de l’unité de formation continue et d’extension universitaire. Derrière ces murs, les décisions pédagogiques prennent forme, les échanges fructueux se multiplient. Une camionnette blanche stationne là, moteur discret de mobilité administrative, prête à faciliter les déplacements nécessaires aux activités académiques et institutionnelles.
Autour du bâtiment, les arbres s’élèvent, les feuilles bruissent, la vie se déploie dans les interstices du béton. Entre les bancs de pierre et les affiches collées à la hâte, les escaliers, sobres et francs, dessinent une ascension concrète. Le long des murs, les papiers déchirés, les graffitis, les visages effacés racontent des tensions mais aussi des engagements.
Ces images composent un poème sensible sur l’espace universitaire haïtien. Elles rappellent que l’architecture dépasse la simple fonction d’abriter : elle façonne l’attention, conditionne les rythmes, soutient l’espoir. À la FASCH, cet espoir s’incarne dans un lieu profondément habité par le savoir, les corps, les voix, les émotions, l'espoir.
Aujourd’hui, alors que la violence contraint à quitter temporairement ces espaces familiers, l’esprit de la FASCH perdure ailleurs. L’engagement académique et social, l’attachement à un idéal éducatif, se poursuivent avec force dans de nouveaux lieux, témoignant d’une continuité inébranlable.