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Une expérience fondatrice à la FASCH

Un étudiant relate son parcours à la FASCH, soulignant l’accueil fraternel, l’engagement intellectuel et la force d’une institution résiliente.

Table des matières

Dans le cadre du dossier spécial consacré aux 51 ans de la Faculté des Sciences Humaines, nous avons recueilli le témoignage de Pierre Wilson Germeil, dit Pedro, étudiant en communication sociale et aspirant philosophe. À travers ce récit personnel et vibrant, il partage une expérience fondatrice vécue à la FASCH : de la préparation au concours d’entrée aux journées d’intégration de la promotion 2024, en passant par les rencontres déterminantes et la découverte d’une communauté solidaire. Ce témoignage éclaire de l’intérieur la vocation formatrice et humaine de la faculté, révélant comment elle continue, malgré les difficultés, à incarner un espace de savoir, d’émancipation et d’engagement collectif.

Il est des rêves que l’on ne formule jamais consciemment, et pourtant, ils deviennent réalité. Il est des moments marqués par leur époque, denses en émotions et en sens. Je ne saurais dire si ce que j’ai vécu relève du destin, de la nécessité ou d’un simple concours de circonstances. Mais je suis certain d’une chose : vivre une expérience aussi marquante au sein de la FASCH n’a rien d’anodin.

C’est dans cette faculté que j’ai rencontré des personnes sur qui l’on peut réellement compter. Des enseignants admirables, souvent relégués à l’ombre par le désespoir ambiant, mais dont la passion demeure vive et contagieuse. Leur engagement silencieux m’a profondément touché.

Je me souviens encore de mes premiers pas vers cette institution. Intégrer l’Université d’État d’Haïti représente, pour beaucoup d’entre nous, une immense fierté. C’est une consécration, un symbole fort. On parle de la fameuse Alma Mater. Réussir à franchir les portes de l’UEH exige de nombreux sacrifices. Chacun connaît bien ce dicton populaire : « Depi w dòmi, w boule. »

Pour ma part, j’ai toujours eu le désir de tracer une voie singulière. Pourtant, les préjugés autour de la FASCH étaient nombreux et tenaces. On me disait, en tant que croyant : « Tu ne peux pas intégrer une telle faculté. » Certains affirmaient : « Les étudiants y apprennent à brûler des pneus, ce sont des fauteurs de troubles. » D’autres allaient jusqu’à prétendre : « Ce sont tous des maçons sans avenir. »

Ces paroles, bien qu’amères, n’ont pas entamé ma détermination. À l’époque, je ne connaissais même pas les disciplines enseignées à la FASCH. C’est grâce à un ami, Christopher Verciné, que j’ai entendu parler de Jovany Fortuné, étudiant dans cette faculté. Ce dernier m’a présenté les différentes filières et m’a accompagné dans ma préparation au concours.

À l’aise aussi bien dans les lettres que dans les matières scientifiques, j’ai décidé de m’y engager avec sérieux et ambition. Lors de la phase de validation, je suis entré pour la première fois dans les locaux de la FASCH. Ce fut un choc. L’énergie du lieu m’a aussitôt traversé. Des étudiants suivaient leurs cours avec concentration, d’autres débattaient avec passion dans la cour, certains jouaient au football sur le terrain. L’atmosphère était à la fois studieuse, vivante et chaleureuse. J’ai perçu une jeunesse avide de savoir, mue par une soif inépuisable de connaissance.

En novembre 2023, j’ai officiellement intégré la faculté. Ce fut l’un des jours les plus heureux de ma vie. Une difficulté s’est toutefois rapidement imposée : je nourrissais un intérêt sincère pour plusieurs domaines — la sociologie, le service social, la communication sociale. Il a fallu choisir. Mon cœur a penché pour la communication, une discipline que je considère essentielle pour le développement de notre société, tant les carences y sont criantes.

En année préparatoire, j’ai rencontré des camarades brillants et déterminés. Certains venaient de quartiers éloignés — Carrefour, Fontamara, Tabarre — affrontant chaque jour les embûches du quotidien pour pouvoir étudier. Leur courage m’a inspiré. Des liens solides se sont tissés. Une fraternité fondée sur le respect mutuel, la solidarité et l’amour du savoir.

À la FASCH, je me sens véritablement chez moi. Les rapports humains y sont marqués par l’équité. Ici, il n’y a ni favoritisme ni hiérarchie écrasante. Chacun est traité avec dignité, qu’il soit nouvel arrivant ou étudiant aguerri. C’est une fierté que de dire haut et fort : « Je suis étudiant à la FASCH. » Peu à peu, on apprend à s’accorder, à participer à une dynamique collective.

Les 13 et 14 février 2025, deux journées d’activités ont été organisées sous le nom évocateur de « Pa bliye FASCH », à l’occasion de l’accueil de la nouvelle promotion 2024. Ces journées furent lumineuses, intenses, joyeuses. Au fond de nous, peut-être pressentions-nous qu’un basculement se préparait. Aujourd’hui, notre local est devenu inhabitable.

Mais pendant ces deux jours, la vie a jailli de toute part. Des conférences de grande qualité ont enrichi les esprits. Des tournois interclasses de football ont galvanisé les énergies. Nous avons immortalisé ces instants par des photographies. Nos visages rayonnaient de joie. Malgré la précarité, malgré les tensions extérieures, un espoir inébranlable nous habitait.

Ces moments sont gravés dans ma mémoire comme des éclats d’éternité. Ils incarnent l’essence même de ce que signifie appartenir à la FASCH : faire partie d’une communauté résiliente, vibrante, convaincue que le savoir et l’engagement collectif peuvent transformer le monde. Cette faculté m’a formé, m’a élevé, m’a éveillé.

Ce parcours ne constitue pas un simple chapitre de ma vie. Il est un socle. Une pierre angulaire sur laquelle je bâtirai l’avenir.

À propos de l'auteur

Pierre Wilson GERMEIL, dit Pedro, est étudiant en communication sociale à la FASCH et aspirant philosophe. Passionné de lecture, jeune écrivain en herbe, il s’investit avec ferveur dans la vie intellectuelle et sociale.

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