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Le gouvernement revendique une « reconnaissance internationale » malgré l'effondrement du système de santé documenté par les organisations humanitaires
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le gouvernement haïtien a annoncé vendredi l'élection d'Haïti au Comité exécutif de l'Organisation panaméricaine de la santé et sa proposition au Comité permanent de l'OMS sur la prévention et l'intervention en cas d'urgence sanitaire (SCHEPPR), revendiquant une « reconnaissance internationale du rôle d'Haïti dans la gestion des urgences sanitaires ».
Cette communication gouvernementale intervient paradoxalement alors que le directeur général du MSPP Gabriel Thimothé activait jeudi le plan de riposte contre une flambée de choléra à Pétion-Ville, illustrant les défis sanitaires actuels du pays.
Le communiqué présente ces nominations comme témoignant « de la reconnaissance internationale du rôle d'Haïti dans la gestion des urgences sanitaires, qu'il s'agisse d'épidémies, de catastrophes naturelles ou de crises humanitaires complexes ». Cette formulation contraste avec les rapports de MSF révélant que « 60 à 80% des établissements de santé de Port-au-Prince sont fermés ou non fonctionnels ».
L'élection au Comité exécutif de l'OPS, « organe décisionnel stratégique qui oriente les priorités de santé publique pour la région des Amériques », coïncide avec la signature mardi de la première Stratégie de coopération pays 2026-2028 avec cette même organisation.
La proposition au SCHEPPR, « organe technique clé mis en place par l'OMS afin de renforcer la coordination et la préparation mondiale face aux urgences de santé publique », intervient dans un contexte où Haïti fait face à une crise sanitaire multidimensionnelle.
Le gouvernement promet que « la participation d'Haïti permettra de contribuer au partage d'expériences et de bonnes pratiques en matière de prévention et de réponse ». Cette perspective soulève des questions sur la nature des « bonnes pratiques » qu'Haïti pourrait partager compte tenu de la situation actuelle.
L'insistance sur le « renforcement des capacités nationales dans le domaine de la santé publique » contraste avec les constats de FEWS NET sur la « résurgence du choléra » et les « maladies qui se propagent dans des camps surpeuplés » selon l'OCHA.
Ces nominations internationales s'inscrivent dans la stratégie diplomatique de diversification des partenariats illustrée par la réception des lettres de créance des ambassadeurs du Japon, du Brésil et de l'Union européenne le même jour.
L'élection d'Haïti au Comité exécutif de l'OPS pourrait refléter une solidarité régionale face aux défis sanitaires plutôt qu'une reconnaissance des performances, compte tenu de l'ampleur documentée de la crise sanitaire haïtienne.
La référence à « la consolidation de la coopération entre Haïti, l'OMS et les autres États membres en vue d'améliorer la sécurité sanitaire mondiale » adopte un registre de contribution globale contrastant avec les besoins d'assistance documentés.
Ces responsabilités internationales interviennent alors que le système de santé haïtien nécessite un soutien d'urgence massif, questionnant la capacité effective du pays à assumer des rôles de leadership dans les instances sanitaires régionales et mondiales.