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Haïti présente un inventaire des gaz à effet de serre révélant sa contribution climatique marginale

Haïti présente son inventaire des gaz à effet de serre révélant 0,0000002% des émissions mondiales en préparation de la COP30.

Table des matières

Le pays représente 0,0000002% des émissions mondiales selon les données 2000-2010, en préparation de la COP30

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le ministère de l'Environnement a présenté mardi les résultats de l'inventaire national des gaz à effet de serre d'Haïti, révélant que le pays a émis seulement 2% des émissions caribéennes et 0,0000002% des émissions mondiales pour la période 2000-2010, lors d'un atelier à l'Hôtel Kinam de Pétion-Ville.

Ces chiffres, produits par la Direction des changements climatiques (DCC) en partenariat avec le Bureau des mines et de l'énergie (BME), illustrent la contribution marginale d'Haïti au réchauffement climatique mondial tout en soulignant la vulnérabilité disproportionnée du pays aux impacts climatiques.

Le directeur général du ministère de l'Environnement, l'agronome Joseph Emmanuel Philippe, a souligné que "la contribution historique d'Haïti aux changements climatiques est marginale, mais notre pays en subit de plein fouet les conséquences". Cette présentation s'inscrit dans les actions préparatoires à la 30e Conférence des parties (COP30) prévue en novembre au Brésil.

L'inventaire a identifié les principales sources d'émission par secteur, notamment l'énergie, l'agriculture, les forêts et les déchets. Cette répartition sectorielle révèle probablement la prépondérance des émissions liées à la déforestation et à l'agriculture de subsistance dans le profil d'émissions haïtien.

L'ingénieur Wesly Charitable a détaillé l'évolution méthodologique de l'inventaire national, expliquant qu'après les premiers inventaires réalisés à l'aide de feuilles de calcul spécifiques, Haïti a adopté en 2023 le logiciel IPCC 2006 (version 2.69) grâce à l'appui d'experts internationaux, améliorant la compilation et l'intégration des données.

Kismide Pierre a présenté les résultats relatifs au secteur des Procédés industriels et de l'utilisation de produits (PIUP), regroupant les émissions issues de réactions chimiques ou physiques liées aux activités industrielles, ainsi que celles générées par l'utilisation de certains produits, hors combustion énergétique.

Cet inventaire intervient dans un contexte particulier pour Haïti. Avec environ 90% de Port-au-Prince sous contrôle des gangs, la collecte de données environnementales représente un défi logistique considérable. La capacité institutionnelle limitée du ministère dans l'environnement sécuritaire actuel soulève des questions sur la fiabilité et l'exhaustivité des données collectées.

Le représentant du BME, Jean Robert Altidor, a salué l'effort du ministère de l'Environnement dans l'élaboration de politiques publiques en faveur du développement durable, bien que la mise en œuvre de telles politiques reste problématique dans le contexte actuel.

L'atelier a également abordé "les défis rencontrés dans la collecte et le traitement des données" et identifié "les leçons pour les futurs cycles d'inventaire", reconnaissant implicitement les limitations méthodologiques et opérationnelles de l'exercice.

Le ministère réaffirme sa volonté de doter Haïti d'un "système robuste de transparence climatique", garantissant la fiabilité des données nationales et renforçant la contribution du pays au dialogue mondial sur le climat, dans le cadre du système de Mesure, rapportage et vérification (MRV) et du nouveau cadre de transparence renforcé (ETF).

Cette initiative climatique contraste avec les priorités sécuritaires immédiates du pays, mais illustre la continuité de certaines fonctions techniques de l'État malgré la crise. Elle positionne également Haïti dans les négociations climatiques internationales avec des arguments de justice climatique, le pays subissant des impacts disproportionnés par rapport à sa contribution historique.


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