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Haïti soutient officiellement la transformation de la MMAS en Force de répression des gangs au Conseil de sécurité

Le Premier ministre Fils-Aimé soutient officiellement la transformation de la MMAS en Force de répression des gangs devant l'ONU.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Archives

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Le Premier ministre Fils-Aimé plaide par visioconférence pour un "mandat renforcé et opérationnel" face aux défis sécuritaires

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a exprimé mardi le soutien officiel d'Haïti au projet de résolution visant à transformer la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) en Force de répression des gangs (FRG) lors d'une réunion par visioconférence avec le Conseil de sécurité de l'ONU.

Cette prise de position gouvernementale intervient dans le contexte de la proposition américano-panaméenne pour une force de 5 500 membres, marquant un tournant dans l'approche haïtienne qui évolue d'une demande d'aide sécuritaire vers un soutien explicite à une force de "répression" avec un mandat militaire renforcé.

"Au nom du gouvernement et du peuple haïtien", Fils-Aimé a qualifié cette transformation d'"évolution attendue par la population haïtienne" et de "pas décisif pour soutenir l'autorité de l'État, protéger les communautés et contribuer à la stabilité nationale et régionale".

Cette déclaration formelle du chef du gouvernement confirme l'alignement d'Haïti sur la stratégie américaine d'escalade militaire, abandonnant implicitement l'approche plus modérée de la MMAS actuelle dirigée par le Kenya. Le changement terminologique de "mission d'appui" vers "force de répression" signale une militarisation assumée de l'intervention internationale.

Le Premier ministre a établi un lien direct entre cette transformation militaire et les objectifs démocratiques, soulignant qu'elle "constituera également un atout majeur pour permettre à Haïti d'organiser des élections démocratiques dans les meilleurs délais". Cette argumentation lie explicitement la répression des gangs à la légitimité électorale future.

Cependant, cette position soulève plusieurs questions. L'échec relatif de la MMAS actuelle - avec moins de 1 000 hommes déployés sur 2 500 prévus - suggère que les problèmes sont davantage logistiques et financiers que conceptuels. La transformation en "force de répression" ne résout pas nécessairement les défaillances de financement et de participation qui handicapent déjà la mission kenyane.

L'utilisation du terme "répression" marque également un durcissement rhétorique significatif. Alors que la MMAS était présentée comme une mission d'appui aux forces haïtiennes, la FRG proposée assumerait directement un rôle répressif, avec les implications légales et politiques que cela implique.

Le timing de cette déclaration, quelques jours après la remise des ampliations au Comité de réparation et les discours sur la justice historique, illustre la dichotomie entre les préoccupations de long terme (réparations) et les urgences sécuritaires immédiates nécessitant une intervention militaire étrangère.

La référence aux "élections démocratiques dans les meilleurs délais" soulève la question de la temporalité. Aucun calendrier électoral crédible n'a été établi dans l'environnement sécuritaire actuel, et l'organisation d'élections nécessiterait une stabilisation préalable dont les contours restent incertains.

L'expression de "profonde reconnaissance au Conseil de sécurité" contraste avec les critiques habituelles d'Haïti concernant l'inadéquation de l'aide internationale. Cette posture suggère une acceptation de la dépendance sécuritaire externe comme solution aux défaillances institutionnelles internes.

Cette position officielle d'Haïti pourrait influencer les débats au Conseil de sécurité, où le soutien explicite du gouvernement concerné constitue un argument politique important pour l'adoption de résolutions d'intervention. Elle témoigne également de l'évolution de la diplomatie haïtienne vers une acceptation plus explicite de solutions militaires externes.

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