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Le Premier ministre japonais exprime son intérêt pour le « renforcement de l'armée d'Haïti » et réaffirme l'engagement cinquantenaire du Japon
TOKYO, Japon — Le président du Conseil présidentiel de transition Laurent Saint-Cyr a rencontré le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba dans le cadre de sa tournée diplomatique, plaidant pour « le soutien du Japon dans le cadre du déploiement de la Force de suppression des gangs » récemment autorisée par la résolution 2793.
Cette rencontre bilatérale s'inscrit dans la continuité de l'accréditation vendredi de l'ambassadeur japonais Nishiuchi Kazuhiko en Haïti et de la contribution japonaise de plus de 12 millions de dollars annoncée pour la mission de sécurité, illustrant l'approfondissement des relations stratégiques.
Ishiba a « renouvelé l'engagement du Japon à soutenir Haïti, comme il l'a fait au cours des cinquante dernières années, notamment après le séisme du 12 janvier 2010 et à travers le financement de la Mission multinationale d'appui à la sécurité ». Cette référence historique positionne l'aide japonaise dans la durée plutôt que comme réponse ponctuelle à la crise actuelle.
Le Premier ministre japonais a « exprimé un intérêt pour le renforcement de l'armée d'Haïti », déclaration significative compte tenu du débat sur la reconstruction des Forces armées d'Haïti dans un contexte où les gangs contrôlent 90% de Port-au-Prince selon FEWS NET.
Saint-Cyr a « réitéré l'engagement du CPT et du Gouvernement haïtien à rétablir la sécurité, avec l'appui de ses partenaires internationaux, en vue de la tenue des élections dans les meilleurs délais ». Cette perspective électorale fait écho aux décisions prises jeudi par Leslie Voltaire d'abroger la Conférence nationale.
Cette rencontre intervient alors que le Japon fait partie du « Standing Group » des pays partenaires mentionné dans la résolution 2793, aux côtés des Bahamas, du Canada, d'El Salvador, du Guatemala, de la Jamaïque, du Kenya et des États-Unis.
L'« intérêt pour le renforcement de l'armée d'Haïti » exprimé par Ishiba pourrait signaler une approche japonaise distinguée de celle des autres partenaires, privilégiant le renforcement des capacités nationales parallèlement à l'intervention internationale.
Cette diplomatie bilatérale fait suite aux récentes rencontres de Saint-Cyr avec António Guterres, Mark Carney, Ilan Goldfajn et Albert Ramdin, illustrant une stratégie de diversification des soutiens internationaux face à la crise multidimensionnelle.
La référence aux « cinquante dernières années » de coopération révèle la profondeur historique des relations nippo-haïtiennes, contrastant avec le caractère plus récent de l'engagement américain massif dans les questions sécuritaires.
Cette rencontre à Tokyo s'inscrit dans la stratégie de Saint-Cyr de légitimation internationale du processus de transition, cherchant des appuis au-delà du cercle traditionnel des partenaires occidentaux d'Haïti.
L'engagement d'Ishiba à « continuer d'appuyer Haïti dans sa quête de stabilité, de paix et de sécurité » témoigne de la perception japonaise d'une crise durable nécessitant un engagement à long terme plutôt qu'une intervention ponctuelle.
Cette diplomatie présidentielle contraste avec les conditions documentées sur le terrain par MSF et le Cluster CCCM, révélant l'écart entre les engagements internationaux et les réalités opérationnelles de la crise humanitaire et sécuritaire.