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« Cette mission reflète la volonté du Conseil Présidentiel et du Gouvernement de transition de mobiliser les appuis nécessaires au déploiement rapide de la Force de Répression des Gangs » : visite de deux jours avec participation à la réunion du Groupe des Amis d'Haïti
PORT-AU-PRINCE — Le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, effectue mercredi 11 décembre un déplacement officiel de deux jours à Washington D.C., aux États-Unis, « dans le cadre des efforts engagés pour rétablir la sécurité et organiser, dans les meilleurs délais, des élections libres, crédibles et inclusives dans le pays », selon un communiqué du Bureau de Communication de la Présidence publié le 11 décembre.
À Washington, le Président du CPT participera notamment à la réunion du Groupe des Amis d'Haïti, « convoquée par l'Organisation des États Américains (OEA), ainsi qu'à plusieurs rencontres de haut niveau avec des partenaires bilatéraux, régionaux et multilatéraux ». Les discussions porteront « sur trois priorités clés : la sécurité, la réponse humanitaire et le processus électoral ». Le document précise que « la mise en œuvre de la Feuille de route de l'OEA, issue d'un dialogue constructif entre l'Organisation et le Gouvernement haïtien, sera au cœur des échanges ».
Le communiqué souligne que « cette mission reflète la volonté du Conseil Présidentiel et du Gouvernement de transition de mobiliser les appuis nécessaires au déploiement rapide de la Force de Répression des Gangs (GSF) et à la mise en œuvre effective de la Feuille de route de l'OEA, deux leviers essentiels pour garantir le retour durable de la sécurité, de la paix, et de la stabilité dans le pays ».
Le déplacement « s'inscrit dans la continuité des plaidoyers et des efforts engagés par l'Exécutif pour mobiliser les partenaires internationaux ». Il fait suite à la Réunion de Génération de Forces tenue à New York le 9 décembre dernier, « à laquelle a participé le Premier ministre, Monsieur Alix Didier Fils-Aimé, et lors de laquelle plusieurs États et partenaires ont exprimé un soutien concret en faveur du déploiement de la GSF ».
Le Président Laurent Saint-Cyr « réaffirme l'engagement du CPT à consolider les alliances stratégiques, à renforcer la diplomatie active d'Haïti, et à intensifier les démarches visant à répondre efficacement à la crise sécuritaire, protéger la population, et créer les conditions propices à la tenue rapide des scrutins attendus ». Le chef du CPT « regagnera le pays le samedi 13 décembre 2025 ».
Cette mission diplomatique intervient dans un contexte sécuritaire critique pour Haïti. Selon les données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) d'octobre 2025, les groupes armés contrôlent près de 90% de Port-au-Prince, paralysant les services publics essentiels. Environ 1,4 million de personnes demeurent déplacées internes, tandis que 5,7 millions d'Haïtiens font face à une insécurité alimentaire critique.
La Force de Répression des Gangs (GSF) mentionnée dans le communiqué fait référence à la transformation prévue de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) en une force plus robuste appuyée par un Bureau de soutien de l'ONU. La MMAS actuelle, dirigée par le Kenya et autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU, fait face à des défis majeurs liés à l'insuffisance de financement et de personnel. Les effectifs déployés demeurent largement en deçà des 2 500 agents autorisés, limitant sévèrement les capacités opérationnelles dans les zones sous contrôle des groupes armés.
La Réunion de Génération de Forces du 9 décembre à New York, à laquelle a participé le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, visait à mobiliser des contributions supplémentaires en personnel, équipements et financement pour la force multinationale. Le Conseil de sécurité des Nations unies a exprimé ses préoccupations quant à la détérioration de la situation sécuritaire et aux besoins humanitaires croissants, appelant à un renforcement du soutien international.
Le Conseil Présidentiel de Transition, mis en place en avril 2024 par l'Accord du 3 avril signé sous l'égide de la Communauté caribéenne (CARICOM), a pour mandat d'organiser des élections libres et transparentes avant février 2026. Le Conseil Électoral Provisoire a publié le 30 octobre le projet de décret devant régir l'organisation des prochaines élections, ouvrant une période de consultation pour recueillir les observations des acteurs politiques et de la société civile. Haïti n'a organisé aucune élection depuis le scrutin présidentiel et législatif de 2016, et le Parlement est dissous depuis janvier 2023.
La Feuille de route de l'OEA mentionnée dans le communiqué constitue un cadre de référence pour la transition politique haïtienne, fruit d'un dialogue entre l'Organisation des États Américains et le gouvernement haïtien. Le Secrétaire général de l'OEA, Albert Ramdin, doit effectuer une visite officielle en Haïti les 1er et 2 décembre, durant laquelle il rencontrera le Conseil Présidentiel de Transition, le Conseil Électoral Provisoire et d'autres acteurs clés de la transition, selon les informations diffusées lors du Sommet CELAC-UE de novembre.