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Le CPT modifie les dispositions du CEP et supprime les structures de dialogue politique dans un contexte de « reprise progressive » du centre-ville
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le conseiller-président Leslie Voltaire a présidé jeudi un Conseil des ministres au Palais national adoptant le budget général 2025-2026 et abrogeant les décrets créant la Conférence nationale, marquant un tournant dans la stratégie politique de transition.
Cette réunion gouvernementale au Palais national confirme la revendication de Fils-Aimé sur « la reprise progressive du contrôle du centre-ville », bien que l'ampleur territoriale de cette reconquête reste à évaluer face aux 90% de Port-au-Prince contrôlés par les gangs selon l'ONU.
L'adoption du « Projet de Décret établissant le Budget Général de l'Exercice Fiscal 2025-2026 » concrétise les orientations budgétaires présentées par Fils-Aimé le 30 septembre, intégrant probablement les demandes sectorielles comme les 8 milliards de gourdes de l'UEH et les projections de James Monazard pour le MCI.
La décision d'« abroger le Décret du 17 juillet 2024 portant création, organisation et fonctionnement de la Conférence Nationale et le Décret référendaire du 24 juin 2025 » signale l'abandon des mécanismes de dialogue politique élargis au profit d'une approche plus centralisée du processus électoral.
Le « Projet d'Arrêté modifiant les dispositions des articles 3 et 6 de l'Arrêté du 18 septembre 2024 nommant les membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP) » révèle des ajustements dans la composition ou les mandats de l'institution électorale, possiblement liés aux critiques sur son fonctionnement.
La suppression du « Comité de Pilotage de la Conférence Nationale » créé en juillet et complété en septembre 2024 illustre la rationalisation des structures politiques transitoires, concentrant les prérogatives dans les institutions existantes.
Ces décisions interviennent alors que le CPT « réaffirme son engagement à créer les conditions nécessaires à l'organisation d'élections libres, crédibles et transparentes », suggérant une accélération du processus électoral sans le préalable du dialogue national initialement envisagé.
L'abandon de la Conférence nationale, mécanisme de consultation élargie des forces politiques et sociales, questionne l'inclusivité du processus de transition vers les élections promises. Cette structure devait permettre un consensus national sur les modalités électorales.
Le « climat de sérénité » évoqué pour décrire les délibérations contraste avec les tensions politiques potentielles liées à ces modifications institutionnelles majeures, particulièrement l'abandon du dialogue national.
Ces décisions au Palais national témoignent de la volonté du CPT de normaliser le fonctionnement institutionnel dans les lieux symboliques du pouvoir, malgré les contraintes sécuritaires persistantes documentées par les organisations internationales.
La modification du CEP soulève des questions sur la stabilité institutionnelle nécessaire à l'organisation d'élections crédibles, les changements répétés de composition ou de mandat pouvant affecter la confiance des acteurs politiques.
Cette consolidation institutionnelle autour du CPT et du gouvernement, au détriment des mécanismes consultatifs, pourrait refléter une stratégie d'efficacité face à l'urgence sécuritaire, mais risque de compromettre la légitimité du processus électoral.
L'adoption de ces mesures lors d'un Conseil au Palais national constitue un signal politique fort de reconquête symbolique, même si la durabilité de cette présence institutionnelle reste conditionnée par l'évolution de la situation sécuritaire dans la capitale.