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Monsieur René Depestre,
Aujourd'hui, au Consulat de la République d'Haïti à Miami, s'est ouvert le cycle de commémoration de votre centenaire. J'ai eu l'insigne honneur de prendre la parole pour présenter, devant nos invités, le panorama de vos œuvres. Avant moi, le Consul Général a salué votre parcours, et j'ai dû lui succéder dans cette tâche immense : dire René Depestre, ce géant de la littérature haïtienne, poète des soleils et des tempêtes, passeur infatigable entre Haïti et le monde.
Je dois vous l'avouer, Monsieur Depestre, ma voix a tremblé. Tremblé en évoquant vos titres, vos éclats, vos chants de révolte et de tendresse. Tremblé aussi devant l'abîme qui sépare nos modestes voix de l'ampleur de votre souffle poétique. Je n'ai trouvé refuge qu'en Hadriana dans tous mes rêves, ce livre que j'ai lu, relu et aimé parce qu'il m'a offert un abri dans l'univers inépuisable que vous avez bâti.
Mais au-delà des œuvres, c'est l'homme que nous célébrons : celui qui a traversé les exils, les luttes, les amitiés internationales, sans jamais renoncer à la source haïtienne, ni à la conviction que la poésie, dans ses armes fragiles et lumineuses, pouvait désarmer le malheur.
Vous avez cent ans aujourd'hui, cher Maître, et votre parcours nous oblige. À nous, vos cadets, vos lecteurs, vos compatriotes. En vous écrivant, je prends la ferme résolution de parler de vous, encore et encore, aux jeunes de mon âge. Je leur dirai que dans vos livres se trouvent des clés pour réinventer l'avenir ; que dans votre vie se lit la preuve qu'un Haïtien peut, par la force de sa parole et la rigueur de son engagement, inspirer le monde.
Puissent vos cent ans être pour nous un jalon, non de nostalgie, mais de perspectives nouvelles. Puissions-nous partager avec vous non seulement l'amour du pays, mais l'obstination d'y tracer de nouveaux chemins.
Jefferson Normil
29 août 2025
