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Pedrica Saint-Jean réunit la BRH, l'IHSI et des bailleurs internationaux pour documenter l'égalité des sexes en Haïti
PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes (MCFDF) a organisé jeudi une rencontre de mobilisation autour du « Profil Genre en Haïti » dans ses locaux à Delmas 48, réunissant des partenaires techniques et financiers pour développer un outil stratégique de documentation des politiques d'égalité des sexes.
Cette initiative a rassemblé la Banque de la République d'Haïti (BRH), l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI), ONU Femmes, l'Agence française de développement (AFD) et l'Union européenne, témoignant d'une coordination institutionnelle large sur les questions de genre.
La ministre Pedrica Saint-Jean a positionné cette démarche dans « une perspective à la fois politique et pratique », soulignant que « cette parité ne saurait rester symbolique. Elle appelle des actes, des chiffres, des politiques concrètes. Et c'est précisément là que le Profil Genre en Haïti prend tout son sens ».
Cette approche empirique contraste avec les déclarations d'intention habituelles en matière de genre, proposant une méthodologie de mesure et de suivi des inégalités. La participation de l'IHSI et de la BRH suggère une volonté d'intégrer les données de genre dans les statistiques officielles et les politiques économiques.
Saint-Jean a particulièrement insisté sur l'urgence contextuelle : « Le Profil Genre en Haïti répond à cette urgence documentaire et politique. Car promouvoir l'égalité femmes-hommes, dans un contexte de crise, est une urgence et un impératif démocratique. »
Cette déclaration reconnaît implicitement que les crises peuvent exacerber les inégalités de genre, nécessitant une attention particulière aux impacts différenciés sur les femmes et les hommes dans l'environnement sécuritaire et économique actuel d'Haïti.
La ministre a également salué « avec fierté la publication, dans Le Moniteur, du projet de révision constitutionnelle consacrant enfin le principe de parité », qualifiant cette mesure de « tournant historique pour les droits des femmes en Haïti ». Cette référence à une révision constitutionnelle n'avait pas été précédemment documentée dans les communications officielles récentes.
La mention de cette publication constitutionnelle soulève des questions sur le processus de révision en cours, particulièrement dans le contexte où le Conseil présidentiel de transition n'a pas de mandat constituant explicite. La légitimité procédurale de telles modifications constitutionnelles reste à clarifier.
Saint-Jean a précisé que cette reconnaissance « consacre, au plus haut niveau de notre ordre juridique, l'engagement formel de l'État haïtien à garantir une représentation équilibrée entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de décision publique ».
Cette ambition de parité dans « toutes les sphères de décision publique » représente un objectif considérable qui nécessiterait des transformations structurelles significatives dans l'administration haïtienne, où les femmes restent sous-représentées aux postes de direction.
L'implication de partenaires financiers internationaux comme l'AFD et l'Union européenne suggère un soutien budgétaire à cette initiative, crucial dans un contexte où les ressources gouvernementales sont limitées. Cette coordination internationale pourrait faciliter l'adoption de standards internationaux en matière de genre.
Cependant, l'efficacité de ce « Profil Genre » dépendra de la capacité à collecter des données fiables dans un environnement où l'accès territorial est limité et où les institutions statistiques fonctionnent avec des contraintes importantes.
Cette initiative s'inscrit dans une séquence d'actions du MCFDF visant à maintenir l'agenda des droits des femmes malgré les priorités sécuritaires, illustrant la volonté de poursuivre les réformes structurelles parallèlement à la gestion de crise.