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Le MENFP accueille les premiers stagiaires du Programme d'insertion des jeunes à l'emploi dans un contexte économique difficile

Le MENFP accueille quatre premiers stagiaires du PIJE, programme gouvernemental visant 1000 jeunes par an malgré la crise économique.

Première cohorte du Programme d'Insertion des Jeunes à l'Emploi (PIJE) - MENFP, 28 août 2025. Quatre jeunes universitaires reçoivent leurs lettres d'affectation pour un stage rémunéré de trois mois dans le cadre de l'initiative gouvernementale de lutte contre le chômage des jeunes.

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Quatre jeunes universitaires intègrent le secteur public pour trois mois dans le cadre d'une initiative gouvernementale visant 1000 stagiaires par an

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a accueilli jeudi ses premiers stagiaires du Programme d'insertion des jeunes à l'emploi (PIJE), une initiative gouvernementale réactivée en mars 2025 qui vise à placer 1000 jeunes par an sur le marché du travail.

La cérémonie d'accueil s'est déroulée à l'Inspection générale de l'éducation nationale à Musseau, en présence du directeur de cabinet du ministre, le professeur Jean Robert Dossaint, et du coordonnateur du programme, Daniel Chalné, qui occupe également le poste d'assistant-directeur des études économiques au ministère de l'Économie et des Finances.

Les quatre premiers stagiaires incluent Gaëlle Délice, diplômée en communication sociale de l'Université de Port-au-Prince, Elmond Saint-Léger, licencié en sciences administratives de l'Université américaine des sciences modernes d'Haïti (UNASMOH), ainsi que Stevenson Monumard (UNASMOH) et Tamara Christine Pierre (Université de Port-au-Prince).

Cette initiative intervient dans un contexte économique particulièrement difficile où le taux de chômage des jeunes atteint des niveaux critiques, exacerbé par la crise sécuritaire qui a paralysé de nombreux secteurs économiques. Avec 90% de Port-au-Prince sous contrôle des gangs selon l'ONU, les opportunités d'emploi se sont drastiquement réduites.

Le PIJE, initialement lancé en 2010 après le tremblement de terre, a été réactivé par la circulaire 008 en mars 2025. Le programme cible les jeunes de 18 à 35 ans, incluant les personnes à mobilité réduite, sélectionnés dans les universités et écoles polytechniques sur la base de leurs performances académiques et aptitudes professionnelles.

La structure prévoit quatre cohortes de 250 jeunes par trimestre, répartis entre secteur public et privé. Cette première expérience pilote de trois mois dans les institutions publiques sera évaluée avant une extension au secteur privé, selon les responsables.

Dossaint a souligné la nature exigeante du programme : "Il est vrai que c'est un stage rémunéré de courte durée, mais il s'agit avant tout de travail. Il faut puiser dans vos connaissances pour le réaliser avec sérieux et discrétion, en alliant formation et expériences."

Chalné a insisté sur le respect du guide de conduite et du décret sur la fonction publique, soulignant les règles d'éthique et de déontologie à observer. Cette emphasis sur l'intégrité prend une résonance particulière dans un contexte où la confiance dans les institutions publiques est fragilisée.

Cependant, plusieurs questions pratiques se posent. La capacité du secteur privé haïtien à absorber de futurs stagiaires reste incertaine compte tenu de la paralysie économique causée par l'insécurité. De nombreuses entreprises ont fermé ou réduit drastiquement leurs activités, limitant les opportunités de stage significatives.

La viabilité financière du programme soulève également des interrogations. Le financement par le trésor public de 1000 stages rémunérés par an représente un coût considérable dans un contexte budgétaire contraint où l'État peine à financer ses services essentiels.

L'objectif de création d'opportunités d'emploi durable après les stages reste également problématique. Dans un environnement économique où les entreprises licencient plutôt qu'elles n'embauchent, la conversion de ces stages en emplois permanents apparaît incertaine.

Malgré ces défis, l'initiative répond à un besoin réel. Pour des diplômés comme Délice qui espère "mettre en pratique ce qu'elle a appris", le programme offre une rare opportunité d'expérience professionnelle dans un marché du travail quasi-inexistant.

Cette démarche gouvernementale témoigne d'une volonté de maintenir des politiques de développement social malgré la crise, bien que son impact réel sur l'emploi des jeunes reste à démontrer dans un contexte où les priorités semblent être la survie et la sécurité rather que l'insertion professionnelle.


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