Aller au contenu

Le MENFP interdit l'accès aux salles de classe sans lettre de nomination pour l'année 2025-2026

Le MENFP interdit l'accès aux salles sans lettre de nomination et annonce une réaffectation du personnel en sureffectif.

Le ministre Augustin Antoine. Archives.

Table des matières

« Aucun enseignant ne doit être autorisé à accéder à un établissement scolaire public sans être préalablement muni d'une lettre de nomination ou d'un contrat » : le ministre Augustin Antoine annonce une réaffectation du personnel en sureffectif

PORT-AU-PRINCE — Le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a émis mercredi 20 novembre un mémorandum portant le numéro M-31.173 réitérant l'interdiction d'accès à une salle de classe sans lettre de nomination ou contrat. Le ministre Augustin Antoine rappelle aux Directeurs Départementaux d'Éducation ainsi qu'aux responsables des écoles nationales et des lycées publics qu'en référence à « la circulaire du 12 novembre 2019, No C-11:1246, l'interdiction d'accès à une salle de classe sans lettre de nomination ou contrat demeure pleinement en vigueur ».

Le Ministère avise que « pour l'année académique 2025-2026, aucun enseignant ne doit être autorisé à accéder à un établissement scolaire public sans être préalablement muni d'une lettre de nomination ou d'un contrat dûment signé et approuvé par les autorités compétentes (Premier Ministre, Ministre) ». Cette directive vise, selon le document officiel, « à assurer un contrôle rigoureux du personnel enseignant et à renforcer la conformité administrative au sein du système éducatif haïtien ».

Le mémorandum annonce par ailleurs une réorganisation de la gestion des ressources humaines dans le secteur éducatif public. « Dans l'optique de résoudre les problèmes de surcharge et de sous-occupation de la charge horaire, le MENFP procédera, à travers les Directions Départementales d'Éducation (DDEs), à une réaffectation du personnel enseignant en situation de sureffectif vers des établissements nécessitant un appui », précise le texte signé par le ministre Antoine. Le MENFP indique que « cette démarche s'inscrit dans les efforts de rationalisation de la gestion des Ressources Humaines des dix départements d'éducation ».

Le Ministère demande aux Directeurs Départementaux, « de concert avec les inspecteurs et les directeurs d'écoles de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la stricte application de cette décision ». Cette mesure administrative intervient alors que le système éducatif haïtien traverse l'une de ses crises les plus graves de l'histoire moderne, avec près de 1,5 million d'enfants hors de l'école en raison d'une combinaison de violence armée, de déplacements, de pauvreté systémique et de l'effondrement des infrastructures étatiques.

Au moins 1 600 écoles ont été fermées en avril 2025, particulièrement à Port-au-Prince et dans les régions environnantes, affectant plus de 240 000 étudiants et plus de 7 500 enseignants, dont beaucoup sont maintenant déplacés ou inaccessibles. Les écoles qui restent ouvertes fonctionnent dans des conditions dégradées, souvent sans électricité, sans assainissement adéquat ou sans financement suffisant du gouvernement. Des bâtiments scolaires ont été utilisés comme abris pour les familles déplacées, particulièrement à la suite d'attaques et de relocalisations forcées.

Le système éducatif haïtien est fortement privatisé : environ 90% des écoles sont privées, gérées par des églises, des ONG ou des organisations internationales, les familles assumant la majeure partie des coûts éducatifs. Alors que la pauvreté s'est approfondie, de nombreux enfants — en particulier ceux des familles déplacées ou les plus pauvres — ne peuvent pas se permettre les frais de scolarité, conduisant à une exclusion massive. Les enfants déplacés font face à des difficultés supplémentaires incluant le traumatisme, le retard académique et de faibles mesures d'adaptation dans les écoles d'accueil.

Même avant cette crise, le système faisait face à un sous-financement, à de mauvaises infrastructures et à des pénuries d'enseignants. Les conditions des enseignants demeurent précaires — salaires faibles, peu de protection sociale et aucune couverture santé — sapant davantage la qualité éducative. Les organisations internationales et humanitaires (UNICEF, Save the Children, Plan International, Education Cluster) fournissent un soutien limité, incluant des fournitures scolaires, des salles de classe rénovées et des interventions psychosociales, mais l'accès reste sévèrement restreint et les besoins dépassent largement l'offre.

La circulaire de novembre 2019 à laquelle fait référence le mémorandum actuel avait déjà établi des protocoles stricts de recrutement et de nomination du personnel enseignant dans les écoles publiques, visant à formaliser les procédures administratives et à limiter les nominations sans validation institutionnelle appropriée. La réitération de cette directive témoigne de la persistance des difficultés de mise en œuvre des normes administratives dans le système éducatif public haïtien.

Le fonctionnement du système éducatif demeure profondément affecté par le contexte sécuritaire. Selon les données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) d'octobre 2025, les groupes armés contrôlent près de 90% de Port-au-Prince, paralysant les services publics incluant l'éducation. Environ 1,4 million de personnes demeurent déplacées internes, perturbant davantage l'accès à l'éducation. L'effondrement de l'éducation est reconnu comme interconnecté avec d'autres crises humanitaires : faim, déplacement, catastrophes liées au climat et risques croissants d'exploitation pour les enfants.


commentaires

Dernières nouvelles