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L'OFATMA accélère sa modernisation avec l'informatisation complète de son système d'assurance

L'OFATMA annonce l'informatisation complète de son système d'assurance dans le cadre d'une modernisation institutionnelle malgré la crise sécuritaire.

Table des matières

Le directeur général Vikerson Garnier annonce une transformation numérique ambitieuse malgré les défis sécuritaires

PORT-AU-PRINCE, Haïti — L'Office d'assurance accidents du travail, maladie et maternité (OFATMA) a annoncé mardi l'informatisation complète de son système d'assurance, dans le cadre d'une modernisation institutionnelle présentée lors de la 23e édition des "Mardis de la Nation".

Le directeur général Vikerson Garnier a dressé un bilan positif des réalisations de l'institution, incluant la régularisation de plus de 600 contrats de travail irréguliers, la nomination de plus d'une centaine d'employés ayant servi l'OFATMA entre trois et dix ans, et la signature de plus de 30 protocoles d'accord avec des prestataires de soins affiliés.

Cette modernisation intervient dans un contexte où les besoins d'assurance santé explosent en raison de la crise sécuritaire. Avec 90% de Port-au-Prince sous contrôle des gangs armés et 1,3 million de déplacés internes selon l'ONU, la pression sur le système de santé haïtien atteint des niveaux critiques.

L'OFATMA a accru de 143% les allocations budgétaires consacrées aux paiements de services de santé, traité plus de 18.000 dossiers de réclamations médicales et distribué environ 6.000 cartes d'assurés. L'office a également affilié 74 nouvelles entreprises, témoignant d'un certain dynamisme malgré la conjoncture difficile.

Garnier a souligné le renforcement de la gestion financière et administrative à travers la formation de plus de 40 cadres et "le strict respect des normes de finances publiques". Cette emphasis sur la gouvernance prend une dimension particulière dans un contexte où la crédibilité des institutions publiques haïtiennes est mise à rude épreuve.

L'institution a également mis en place un dispositif d'évacuation sanitaire à l'étranger pour les soins non disponibles localement, une mesure cruciale compte tenu de la dégradation du système hospitalier national due à l'insécurité et aux attaques contre les infrastructures de santé.

Les projets futurs incluent le renforcement des directions départementales, la modernisation des centres hospitaliers dans le Nord, le Sud et l'Ouest, ainsi que la diversification des sources de financement pour soutenir cette transformation institutionnelle.

L'informatisation annoncée vise à améliorer l'efficacité administrative et la traçabilité des services, des défis particulièrement importants dans un environnement où les disruptions opérationnelles sont fréquentes. Cette modernisation technologique pourrait également faciliter l'accès aux services dans les zones difficiles d'accès pour des raisons sécuritaires.

Lors de l'événement, un protocole d'accord a été signé entre l'OFATMA et la Direction générale de la Protection civile, permettant à 12 brigadiers et volontaires de recevoir des cartes d'assurance. Cette initiative s'inscrit dans l'élargissement de la couverture sociale aux acteurs engagés au service de la population dans un contexte de crise.

Cependant, plusieurs questions demeurent quant à l'implémentation effective de ces réformes. La capacité de l'OFATMA à maintenir ses services dans les zones contrôlées par les gangs reste problématique, tout comme l'accessibilité physique des centres de soins pour une population largement déplacée.

La viabilité financière de ces projets ambitieux soulève également des interrogations. Dans un contexte où les recettes fiscales de l'État sont sous pression et où de nombreuses entreprises peinent à fonctionner normalement, la diversification des sources de financement évoquée par Garnier représente un défi considérable.

L'initiative témoigne néanmoins d'une volonté institutionnelle de maintenir et améliorer les services publics malgré l'adversité. Pour une population confrontée à des violences quotidiennes et à l'effondrement de nombreux services de base, ces améliorations dans l'assurance santé, si elles se concrétisent effectivement, pourraient représenter un rare point positif.

Le succès de cette transformation dépendra largement de la capacité de l'OFATMA à opérer dans un environnement sécuritaire dégradé et à maintenir la confiance des assurés dans un contexte où l'efficacité de l'État est régulièrement questionnée.


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