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Un rapport révèle l'ampleur des violences contre le système de santé haïtien en 2024

Un rapport international documente 39 incidents de violence contre le système de santé haïtien, révélant l'effondrement des services médicaux.

Table des matières

39 incidents documentés illustrent l'effondrement des services médicaux dans un contexte de violence généralisée

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Un rapport de la Coalition pour la sauvegarde de la santé dans les conflits révèle que Haïti a enregistré 39 incidents de violence contre les infrastructures de santé en 2024, témoignant de l'effondrement progressif du système médical national dans un contexte de violence généralisée.

Le document, publié dans le cadre du rapport mondial sur les violences contre les soins de santé en conflit, détaille une situation alarmante où trois travailleurs de la santé ont été tués et quatre kidnappés, tandis que 20 établissements de santé ont été attaqués au cours de l'année.

Ces chiffres s'inscrivent dans une tendance inquiétante. Bien que le nombre global d'incidents ait légèrement diminué par rapport à 2023 (42 incidents), les attaques contre les infrastructures ont doublé, passant de 10 en 2023 à 20 en 2024. Cette évolution reflète un changement tactique des groupes armés qui ciblent désormais davantage les installations plutôt que les individus.

Le rapport souligne que la majorité des incidents se concentrent dans le département de l'Ouest, particulièrement l'arrondissement de Port-au-Prince, bien que de nouveaux cas aient été documentés dans les Nippes et une augmentation notable dans l'arrondissement de Saint-Marc en Artibonite.

Les gangs impliqués incluent des groupes connus comme Base 5 Secondes, Baz Gran Grif de Savien, G9, Kokorat San Ras, et Viv Ansanm, qui utilisent les centres de santé comme bases d'opérations ou "champs de bataille" où les patients hospitalisés deviennent des cibles.

L'Hôpital universitaire d'État d'Haïti illustre cette instrumentalisation des infrastructures médicales. En avril, des individus armés ont pris d'assaut l'établissement, l'utilisant comme quartier général pour combattre la police. Quand les forces de l'ordre ont repris le contrôle en juillet, l'hôpital était gravement endommagé, avec des lits dépouillés, des débris et des murs criblés de balles.

Le rapport documente également des cas où des groupes armés menacent violemment le personnel hospitalier pour forcer le traitement de leurs associés blessés, comme dans l'arrondissement de Saint-Marc où des individus armés ont tenu le personnel sous la menace pour exiger des soins immédiats pour un membre de gang.

Les enlèvements de personnel médical, bien qu'en diminution, restent préoccupants. Quatre travailleurs de la santé, incluant un gynécologue-obstétricien, ont été kidnappés dans les arrondissements de Port-au-Prince et Croix-des-Bouquets, zones sous contrôle territorial des gangs. Dans tous les cas, des rançons ont été exigées.

L'impact systémique dépasse les statistiques individuelles. Dans Port-au-Prince, près de 40% des établissements de santé ont été contraints de fermer en raison de l'insécurité, des violences et des pillages. Les installations restant ouvertes fonctionnent avec des capacités réduites suite au vol de médicaments et d'équipements médicaux.

La fermeture de l'aéroport international en novembre 2024 a aggravé la situation en compliquant l'approvisionnement médical. L'insécurité et les barrages routiers empêchent le transport des fournitures, tandis que les combats actifs et les obstacles limitent l'accès des patients aux soins.

Cette dégradation force les femmes enceintes haïtiennes à fuir vers la République dominicaine voisine pour accéder aux soins de santé maternelle, illustrant l'effondrement des services essentiels. Environ 40% des prestataires de soins ont quitté le pays, exacerbant la crise.

Le rapport place cette situation dans le contexte plus large de la violence qui frappe Haïti depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. En 2024, plus de 5 000 personnes ont été tuées et quelque 1 400 enlèvements par des gangs ont été signalés. Le nombre de déplacés internes dépasse le million de personnes.

Les camps de déplacés surpeuplés manquent d'accès adéquat aux services essentiels, y compris l'alimentation, l'eau potable et l'assainissement, augmentant les risques sanitaires et de protection. Cette situation s'inscrit dans un contexte où 5,5 millions d'Haïtiens nécessitent une assistance humanitaire, mais seulement 42% des 674 millions de dollars requis ont été mobilisés.

Ce rapport international confirme les analyses précédentes sur l'effondrement du système de santé haïtien, situant la crise dans le contexte mondial des violences contre les infrastructures médicales en temps de conflit. Avec plus de 3 600 incidents documentés mondialement en 2024, Haïti représente un cas d'étude particulièrement préoccupant de l'utilisation des soins de santé comme arme de guerre.

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