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Haïti annonce des réformes éducatives d'envergure avant la rentrée scolaire

Haïti annonce des réformes éducatives majeures incluant aide financière, promotion automatique et campagne d'alphabétisation pour 4 millions d'élèves.

Table des matières

Le gouvernement dévoile une aide financière, une campagne d'alphabétisation et une politique de promotion automatique pour répondre aux défis éducatifs

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Alors qu'Haïti se prépare au début de son année académique 2025-2026, le ministre de l'Éducation Augustin Antoine a dévoilé un ambitieux train de réformes visant à renforcer le système éducatif en difficulté du pays et à garantir que près de 4 millions d'élèves puissent retourner en classe.

S'exprimant lors d'une conférence de presse vendredi à l'Inspection Générale de l'Administration de l'Éducation Nationale à Musseau, le ministre Antoine a annoncé que les écoles rouvriront officiellement le 1er octobre, avec la cérémonie inaugurale qui se déroulera à l'École Nationale de Maquillon dans la commune des Perches, au nord-est, sous le thème « Restaurer l'autorité de l'école ».

Le plan global s'attaque à certains des défis éducatifs les plus pressants d'Haïti, de la rémunération des enseignants à la rétention des élèves, alors que cette nation caribéenne continue de lutter contre l'instabilité politique et les difficultés économiques qui ont perturbé l'apprentissage de millions d'enfants.

Soutien financier aux familles et aux enseignants

Au cœur de la stratégie gouvernementale se trouve un programme de transfert d'espèces qui fournira une assistance financière à environ 240 000 parents d'élèves fréquentant des écoles fondamentales publiques, communales, presbytérales et communautaires. L'initiative, soutenue par le Fonds d'Assistance Économique et Social (FAES), représente l'un des plus importants programmes d'aide directe ciblant l'éducation dans l'histoire récente d'Haïti.

Les enseignants, qui ont longtemps eu du mal avec des salaires irréguliers dans le système éducatif chroniquement sous-financé d'Haïti, recevront une compensation supplémentaire grâce à une approche à plusieurs volets. Au-delà d'un 14e mois de salaire que le gouvernement du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé prévoit d'accorder à tous les fonctionnaires, les éducateurs recevront un chèque cumulant quatre montants mensuels de la carte de débit avant le début de l'année scolaire.

« Nous comprenons que nos enseignants sont l'épine dorsale de notre système éducatif », a déclaré le ministre Antoine, s'adressant aux préoccupations concernant la rétention des éducateurs qui ont tourmenté les écoles haïtiennes pendant des années.

La politique de promotion automatique suscite des changements

Le changement pédagogique peut-être le plus significatif annoncé est la mise en œuvre de la promotion automatique obligatoire pour les élèves du premier cycle de l'enseignement fondamental. À partir de l'année académique 2025-2026, les élèves de première, deuxième et troisième année fondamentale ne redoubleront plus, un changement de politique visant à maintenir les enfants à l'école et à réduire les taux d'abandon scolaire.

La décision reflète une reconnaissance croissante parmi les éducateurs du monde entier que le redoublement échoue souvent à améliorer les résultats académiques tout en augmentant la probabilité que les élèves abandonnent complètement leurs études. Cependant, la politique nécessitera une mise en œuvre soigneuse pour s'assurer que les élèves en difficulté reçoivent un soutien adéquat pour maîtriser les compétences essentielles.

Lancement d'une campagne massive d'alphabétisation

Coïncidant avec la réouverture des écoles, le gouvernement lancera une ambitieuse campagne nationale d'alphabétisation ciblant 1,5 million d'adultes. L'initiative souligne l'ampleur des défis éducatifs auxquels fait face Haïti, où les taux d'alphabétisation ont historiquement été en retard par rapport aux moyennes régionales.

Le secrétaire d'État à l'Alphabétisation et à l'Éducation Non-Formelle Mozart Clérisson, qui a rejoint le ministre Antoine lors de la conférence de presse, a souligné le rôle de la campagne dans la rupture des cycles de pauvreté et le renforcement des institutions démocratiques.

Infrastructure et ressources

Le gouvernement a alloué des ressources substantielles pour améliorer l'infrastructure scolaire et fournir des matériels essentiels. Le Fonds National de l'Éducation (FNE) contribue à hauteur de 350 millions de gourdes (environ 2,6 millions de dollars) aux projets de réhabilitation scolaire, avec 170 millions de gourdes désignés pour les écoles de la région du Grand Nord et 180 millions de gourdes pour le Grand Sud. Au total, 118 institutions éducatives publiques et privées bénéficieront de ces améliorations d'infrastructure.

De plus, le ministère distribuera 2,22 millions d'exemplaires du manuel « Liv inik » aux élèves de la première à la quatrième année dans les écoles publiques et privées, ainsi que des kits scolaires pour soutenir l'apprentissage.

Expansion des programmes de repas scolaires

Reconnaissant le lien entre nutrition et résultats éducatifs, le gouvernement étend le Programme National des Cantines Scolaires à 394 écoles, touchant 204 674 élèves à travers les dix directions départementales d'éducation. Le programme a sécurisé 1,2 milliard de gourdes de financement et vise à s'assurer que 70 % des repas consistent en produits locaux, soutenant potentiellement à la fois la nutrition des élèves et l'agriculture locale.

Aborder la gouvernance et la responsabilité

Pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence, le ministère établit des Commissions d'Éthique et de Redevabilité au sein de chaque Direction Départementale d'Éducation. Ces organes traiteront les plaintes des parents et des élèves concernant les abus financiers ou autres fautes professionnelles du personnel administratif ou enseignant.

Le gouvernement met également en œuvre de nouveaux manuels de gestion pour les lycées, incluant l'affectation de comptables pour superviser l'administration financière de plusieurs institutions.

Recrutement et formation des enseignants

Malgré les défis persistants, des progrès sont réalisés dans le recrutement des enseignants. Sur les 5 000 demandes de nomination priorisées pour l'exercice 2024-2025, plus de 2 300 ont été traitées et transmises à l'Office de Management des Ressources Humaines. Actuellement, 1 194 lettres de nomination ont été enregistrées, avec 797 qui seront bientôt distribuées aux enseignants.

Les défis à venir

Le train de réformes ambitieux intervient alors qu'Haïti continue de faire face à des défis politiques et économiques importants. La violence des gangs a perturbé la vie quotidienne dans de nombreuses régions, et la transition politique en cours du pays ajoute de l'incertitude à la planification à long terme.

Les experts en éducation notent que bien que les mesures annoncées s'attaquent à de nombreux besoins critiques, leur mise en œuvre réussie dépendra fortement d'un engagement politique soutenu et d'un financement adéquat dans les années à venir.

« Ce sont exactement le type de réformes globales dont le système éducatif haïtien a besoin », a déclaré un défenseur de l'éducation local qui a demandé l'anonymat pour des raisons de sécurité. « La question maintenant est de savoir si le gouvernement peut maintenir cet élan et s'assurer que ces programmes atteignent les élèves qui en ont le plus besoin. »

Les statistiques sous-jacentes au défi sont stupéfiantes : selon le directeur général Yves Roblin, l'année scolaire à venir servira près de 4 millions d'élèves avec environ 150 000 enseignants dans quelque 18 500 institutions éducatives publiques et privées.

Alors que le 1er octobre approche, parents, enseignants et élèves à travers Haïti observent attentivement pour voir si ces promesses ambitieuses se traduiront par des améliorations significatives dans leurs salles de classe et leurs communautés. Pour une génération d'enfants haïtiens dont l'éducation a été répétitivement perturbée, le succès de ces réformes pourrait déterminer non seulement leur avenir individuel, mais la trajectoire de leur nation.

Le ministre Antoine a promis des mesures supplémentaires pour s'attaquer aux problèmes structurels du système éducatif haïtien, suggérant que ce train de réformes ne représente que le début d'un effort de transformation plus large.

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