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Le Secteur logistique humanitaire révèle l'isolement critique de Port-au-Prince et les défis d'accès

Le Secteur logistique révèle l'isolement de Port-au-Prince avec tous les axes routiers bloqués, compliquant l'acheminement de l'aide humanitaire.

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Un compte-rendu de réunion expose la paralysie des axes routiers et les contraintes opérationnelles pour l'aide humanitaire

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Le compte-rendu de la réunion du Secteur logistique du 22 août révèle l'ampleur de l'isolement de Port-au-Prince et les défis majeurs auxquels font face les organisations humanitaires pour acheminer l'aide dans un pays où les principaux axes routiers sont bloqués.

Selon ce document de coordination impliquant 18 organisations internationales, dont le PAM, l'UNICEF, l'OIM et l'USAID, l'accès routier demeure "limité au niveau de plusieurs régions de Port-au-Prince", affectant directement les opérations humanitaires dans la zone métropolitaine. Plus préoccupant encore, "les principaux axes routiers menant vers le Sud du pays et ceux menant vers le Nord du pays sont bloqués".

Cette situation confirme l'enclavement de la capitale haïtienne et illustre comment l'insécurité paralyse non seulement Port-au-Prince mais également les liaisons avec l'arrière-pays, compliquant l'acheminement de l'aide humanitaire vers les populations les plus vulnérables.

La situation de Belladère, ville frontalière avec la République dominicaine, exemplifie ces difficultés logistiques. La Route nationale 3 est devenue "inaccessible", forçant une évaluation conjointe entre l'OCHA et l'UNDSS pour identifier une route alternative depuis Hinche. Cette route de contournement s'avère "praticable uniquement pour petits véhicules et pour les camions de 20 pieds".

Paradoxalement, ce sont désormais "certaines communautés locales" qui "bloquent le passage pour protéger la route contre le passage de camions lourds pouvant aggraver son état physique". Cette situation illustre la complexité des défis logistiques où même les solutions alternatives deviennent problématiques.

L'accès aérien reste précaire. L'aéroport international Toussaint Louverture demeure "semi-opérationnel", accueillant des vols domestiques, cargos, militaires et humanitaires, mais "les vols commerciaux vers les États-Unis, le Canada et la France restent suspendus". Seul l'aéroport du Cap-Haïtien "demeure pleinement opérationnel pour les vols internationaux".

Les services humanitaires de l'UNHAS maintiennent des liaisons depuis Juvénat vers le Cap-Haïtien, puis vers Jacmel, Les Cayes et Jérémie, témoignant des efforts d'adaptation face aux contraintes d'accès.

Concernant l'accès maritime, les ports de Port-au-Prince et Lafiteau (Titanyen) sont "actuellement opérationnels avec un accès très difficile", tandis que le port de Cap Terminal au Cap-Haïtien "demeure pleinement actif". Cette disparité souligne la concentration des difficultés autour de la capitale.

Le service maritime du Secteur logistique illustre l'adaptation nécessaire : du 1er au 21 août, 348 tonnes de matériel ont été acheminées pour 10 partenaires, réparties entre Petit-Goâve (4 voyages, 37,3 tonnes) et Gonaïves (6 voyages, 310,6 tonnes). Ces chiffres, bien que modestes, témoignent de l'effort de contournement des blocages terrestres.

Le document révèle également les complexités administratives persistantes. Malgré le contexte d'urgence, "les procédures douanières restent strictes, même en situation d'urgence : les mêmes documents doivent être présentés". L'importation de drones a été récemment interdite, ajoutant une contrainte supplémentaire pour les opérations humanitaires.

Pour les médicaments, le processus reste particulièrement lourd : "Sans ce certificat" du ministère de la Santé publique, "le déclarant ne peut pas compléter le processus douanier". Cette bureaucratie contraste avec l'urgence sanitaire documentée par d'autres rapports.

Cette réunion de coordination prévoyait une rencontre régionale aux Gonaïves le 27 août, illustrant les efforts de décentralisation des opérations humanitaires face à la paralysie de Port-au-Prince.

Le compte-rendu souligne que "les relations institutionnelles et la coordination avec les autorités sont déterminantes pour accélérer le processus", révélant l'importance cruciale des contacts politiques dans un contexte où l'efficacité opérationnelle dépend autant des réseaux que des procédures.

Cette documentation technique confirme l'analyse selon laquelle Haïti fait face à une crise logistique majeure qui entrave significativement l'acheminement de l'aide humanitaire, aggravant les conditions de vie des populations déjà fragilisées par l'insécurité et la crise économique.


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