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« 27 nouveaux cas chaque jour, dont près de 56% sont de violences sexuelles » : les viols collectifs par groupes armés représentent 65% des cas dans un contexte de déficit de financement de 81%
PORT-AU-PRINCE — Le Sous-Cluster VBG Haïti a publié un snapshot révélant que 7 472 cas de violences basées sur le genre ont été rapportés entre janvier et septembre 2025, soit 27 nouveaux cas chaque jour, dont près de 56% sont des violences sexuelles. Parmi celles-ci, les viols collectifs par des groupes armés atteignent un niveau alarmant, représentant 65% des cas, selon les données agrégées soumises par 28 acteurs travaillant dans 47 communes et 22 sites de déplacés internes.
Les femmes adultes constituent 76% des survivant(e)s de VBG, suivies par les filles de moins de 18 ans (14%), les hommes adultes (8%) et les garçons de moins de 18 ans (2%). Un total de 57% des incidents de VBG contre les femmes et filles sont des cas de viols et d'agressions sexuelles. Le document précise que « sur le total des cas signalés sous la rubrique 'viol', 65% ont déclaré qu'il s'agissait d'un viol collectif, 35% d'un viol commis par une seule personne ».
Les déplacés internes sont les plus touchés, représentant 68% des survivant(e)s (dont 27% vivant dans la communauté et 42% dans un site de déplacés), suivis des résidents (31%), des retournés/déportés (0,25%) et des migrants (1%). Le rapport indique que 47% des incidents concernent des viols/pénétration, 23% des violences psychologiques, 14% des agressions physiques, 9% des agressions sexuelles, et 7% des dénis de ressources et services.
Presque tous les auteurs présumés de violence sexiste sont des hommes (92%) âgés de plus de 18 ans (39%) ou d'âge inconnu (57%), 4% seulement ayant moins de 18 ans. Selon le graphique, les principaux auteurs présumés sont des membres de gangs armés (75%), suivis par des civils (15%) et dont le profil n'est pas connu (9%). « Ces violations sont le plus souvent commises par les membres des gangs armés », précise le document.
L'analyse des tendances mensuelles montre une activité globalement en hausse de janvier (727 cas) à juin (1 048 cas), suivie d'une forte baisse en août (181 cas) et d'un rebond marqué en septembre (1 022 cas). Le snapshot note que « le rebond fort en septembre (1 022) indique une reprise des activités après la période creuse d'août ». L'aperçu statistique indique une moyenne de 748 cas mensuels, une médiane de 727, un maximum de 1 107 cas en mai et un minimum de 181 en août, pour une amplitude de 926 reflétant une forte variabilité.
Les principaux facteurs des VBG incluent la promiscuité dans les sites de déplacés (25%), les violences de partenaire intime (10,6%), les sévices sexuels sur enfants, ainsi que les violences commises lors d'enlèvements et pratiques traditionnelles nocives (0,54%). La plupart des incidents se sont produits dans le domicile du/de la survivant(e) (42%), suivi de la route/rue (22%), des sites de déplacés (14%), du domicile de l'auteur (5%) et d'autres lieux (17%).
Sur le plan géographique, le département de l'Ouest concentre la majorité des cas avec Port-au-Prince enregistrant 29,81% des incidents, Delmas 14,46%, Cité Soleil 6,79% et Kenscoff 4,97%. Les départements du Centre (223 cas), de l'Artibonite (532 cas), du Nord-Est et de la Grande'Anse ont également rapporté des incidents. Le document note que 13 rapports proviennent de la République Dominicaine.
Le soutien aux survivant(e)s demeure dramatiquement insuffisant. Le rapport souligne qu'« un déficit de financement de 81% menace aujourd'hui les quelques services existants, dont dépendent 95% de femmes et de filles ». De surcroît, « l'accès à la prise en charge holistique incluant médicale, appui en moyen de subsistance et assistance légale reste limité où seulement 27% des survivantes de viol ont pu avoir accès à un soin médical dans les 72H ».
Le référencement des services montre des capacités limitées. Les données indiquent que 879 personnes ont bénéficié de services avant d'arriver, 865 personnes ont été référées vers d'autres services, tandis que 177 ont refusé d'être référées. Les services de santé, psychosociaux, d'assistance juridique, de sécurité/protection/police et de moyens de subsistance présentent tous des déficits entre personnes référées et services disponibles.
Le snapshot note que « les sites de personnes déplacées à l'intérieur du pays continuent à rencontrer de nombreuses difficultés pour signaler les incidents ». En septembre 2025, aucun incident de violence sexiste n'a été signalé dans les sites pour personnes déplacées, soulevant des questions sur la sous-déclaration dans ces espaces à haut risque.
Le document, produit conjointement par le Sous-Cluster VBG coordonné par l'UNFPA et le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), appelle à « redoubler d'efforts pour renforcer, étendre et financer durablement des services intégrés, confidentiels et centrés sur les survivantes à travers tout le pays en particulier dans les zones sous contrôle de gang armés ou à risque élevé ». Les perspectives recommandent de « rendre accessible le circuit de référencement VBG au niveau communautaire, notamment par la diffusion de supports des services et du circuit de référencement » et de « renforcer la mitigation des risques de VBG sur les sites de déplacés ».