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Le président kenyan révèle que la MMAS opère à seulement 40% de sa capacité et dénonce l'aide « de seconde main » lors d'une réunion tripartite cruciale
NEW YORK, États-Unis — Le président kenyan William Ruto a livré lundi une critique exceptionnellement directe du soutien international à la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) lors d'une réunion tripartite de haut niveau, révélant que la mission « opère à 40% de sa capacité » et exigeant des « ressources prévisibles » pour la future Force de suppression des gangs.
Cette réunion co-organisée par le Kenya et les États-Unis au siège de l'ONU a rassemblé Laurent Saint-Cyr, Christopher Landau et des représentants de 32 pays pour discuter de la transition de la MMAS vers une Force de suppression des gangs (GSF) de 5 500 membres.
Ruto a dressé un bilan contrasté de la MMAS, reconnaissant des succès tangibles tout en dénonçant vivement les carences du soutien international. « Initialement, il était prévu que 2 500 personnels de sécurité seraient mis à disposition. Malheureusement, ils n'ont pas été mis à disposition », a-t-il déclaré, précisant que la mission ne dispose actuellement que de 989 personnel contre les 2 500 prévus.
Le président kenyan a particulièrement critiqué la qualité de l'aide américaine : « Je dois féliciter les États-Unis. Ils ont mis à disposition des véhicules logistiques, mais malheureusement, la plupart des véhicules étaient de seconde main, et donc ils tombaient souvent en panne. En fait, cela a mis notre personnel en grand danger quand ils tombaient en panne dans des endroits très dangereux. »
Cette critique publique, inhabituelle dans la diplomatie internationale, reflète la frustration kenyane face aux promesses non tenues. Ruto a souligné : « Nous n'avons cependant obtenu aucun soutien utile d'aucun autre côté. Je dois être aussi franc que possible sur cette question. »
Malgré ces contraintes, le président kenyan a revendiqué des succès significatifs. « Quand nous sommes d'abord intervenus en Haïti, l'aéroport avait été encerclé par les gangs [...] Aujourd'hui, l'aéroport est opérationnel. » Il a également cité la sécurisation du palais présidentiel, du quartier général de la police et de l'académie de police qui « vient de diplômer 750 officiers de police ».
Christopher Landau a annoncé les sanctions contre Antonio Chéramy et Arnel Bélizaire, tout en présentant la résolution américano-panaméenne pour une GSF de « plus de 5 500 personnel, plus de cinq fois la taille de la mission MMAS actuelle » avec un mandat du Chapitre 7.
Saint-Cyr a lancé un « appel solennel » au nom des « 12 millions d'hommes, de femmes et d'enfants » haïtiens, soulignant que « sans ressources appropriées, aucune mission de maintien de la paix ou mission de restauration de la paix ne peut être menée ».
La Chine, par son représentant, a insisté sur « une consultation complète, une délibération approfondie et des évaluations globales, tout en tirant les leçons du passé, y compris les leçons apprises des opérations de la MMAS ».
Ruto a formulé trois conditions pour le succès de la future GSF : « Premièrement, nous devons être très clairs sur le mandat [...] Deuxièmement, nous devons avoir un ensemble de ressources prévisibles. Cela ne peut pas être ce que le Kenya a vécu, un jeu de devinettes [...] Troisièmement, nous devons avoir le soutien logistique nécessaire. »
La République dominicaine a révélé avoir effectué « 42 vols d'évacuation médicale » et traité « 38 policiers kenyans et 12 personnels d'El Salvador gravement blessés » dans ses hôpitaux, illustrant les coûts humains de la mission.
Cette réunion intervient alors que le mandat de la MMAS expire le 2 octobre, créant une urgence pour l'adoption de la résolution au Conseil de sécurité. La franchise inhabituelle de Ruto pourrait soit galvaniser le soutien international, soit compliquer les négociations en exposant publiquement les défaillances du système.