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Affrontements à Liancourt : 168 familles déplacées vers Saint-Marc après l'offensive policière contre Gran Grif

Offensive policière contre Gran Grif à Liancourt provoque déplacement de 168 familles vers Saint-Marc après semaines d'affrontements intenses dans l'Artibonite.

Table des matières

La police nationale reprend le contrôle de la localité après des semaines de combats, provoquant un exode massif

SAINT-MARC, Haïti — Une offensive de grande envergure menée par la Police nationale d'Haïti (PNH) contre le groupe criminel organisé Gran Grif dans la ville de Liancourt a provoqué le déplacement de 168 familles vers la commune de Saint-Marc, selon un rapport d'alerte humanitaire obtenu par cette rédaction.

L'opération policière, qui a culminé le 31 juillet dernier, marque l'aboutissement de plus de deux semaines d'affrontements intenses qui ont secoué cette localité de la première section communale de Liancourt, dans la commune de Verettes, département de l'Artibonite.

Selon le document de l'organisation humanitaire AVSI, confirmé par la Direction générale de la Protection civile (DGPC), les combats ont débuté le 15 juillet, lorsque la PNH a lancé une opération pour déloger Gran Grif, qui contrôlait la zone depuis plusieurs mois.

"La reprise de la localité a donc permis aux personnes de se déplacer vers la commune de Saint-Marc", précise le rapport, suggérant que la population civile était jusqu'alors piégée par la présence du groupe armé.

Les familles déplacées se sont dispersées dans onze quartiers de Saint-Marc, la plus grande concentration se trouvant dans le centre-ville avec 58 ménages, suivi de Pont-Ambourg avec 47 familles. Les autres communautés d'accueil incluent Venotte (13 ménages), Lascirie (13 ménages), Marc Donald (12 ménages), Blockhauss (9 ménages), et Pivert (8 ménages).

Des nombres plus réduits de familles ont également trouvé refuge dans les quartiers de Cité Surpris et Saintard (2 ménages), Jérusalem (2 ménages), Fleurenceau (3 ménages), et Franck Fourche (1 ménage).

Cette nouvelle vague de déplacements internes illustre la complexité de la crise sécuritaire haïtienne, où même les succès des forces de l'ordre génèrent des conséquences humanitaires. La présence prolongée de Gran Grif à Liancourt avait apparemment empêché tout mouvement de population, transformant la localité en zone de confinement forcé.

L'organisation AVSI, qui opère depuis son bureau de Saint-Marc, a annoncé le lancement d'une évaluation rapide multisectorielle (ERM) prévue pour le 7 août afin d'évaluer les besoins urgents des familles déplacées.

Gran Grif, l'un des groupes armés les plus puissants d'Haïti, contrôle plusieurs territoires dans l'Artibonite et constitue un défi majeur pour les autorités. Le groupe, dirigé par Luckson Elan, est accusé de multiples violations des droits humains et d'extorsions systématiques.

Cette opération s'inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement haïtien et de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) pour reprendre le contrôle du territoire national. Cependant, elle souligne également les défis logistiques et humanitaires que représente la gestion des populations civiles dans ces zones de conflit.

La commune de Saint-Marc, qui reste accessible aux organisations humanitaires, devient ainsi un point de convergence pour les déplacés internes, ajoutant une pression supplémentaire sur les services locaux déjà fragilisés.

Les informations ont été vérifiées par croisement entre les témoignages d'informateurs clés, les données de la DGPC et la couverture médiatique nationale de ces événements, selon le protocole de vérification d'AVSI.

Cette situation rappelle la nécessité d'une approche coordonnée entre les opérations sécuritaires et la réponse humanitaire, dans un pays où plus de 700.000 personnes sont actuellement déplacées internes selon les dernières estimations onusiennes.

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